LA RENAISSANCE.
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Malgré la manière de traiter le bas-relief, ces détails et la forme ou la
coupe des bouches et en général le type des têtes ne peuvent permettre de
confirmer la paternité assignée à ce travail.
Cependant on pourrait supposer que c’ est une des œuvres de la jeunesse
du sculpteur. En ce cas il faudrait avant tout admettre que les susdites sta
tuettes latérales qui, quoique traitées d’une façon décorative, ont cependant
des affinités avec le bas-relief, sont postérieures à celui-ci et de quelque temps;
car si 1’ on voulait rapporter les écussons ducaux qu’ elles tiennent, non plus
au Doge Giovanni (f 1485) mais à son frère Pietro Mocenigo (qui gouverna
de 1474 à 1476), les travaux de l’Église de S. Giobbe exécutés trois ou quatre
années auparavant par Lombardo et le monument de ce Doge terminé par lui
en 1481 ne pourraient pas le moins du monde correspondre à cette hypo
thèse. Et en admettant une preuve suffisante de temps, il faudrait encore
se demander si certains détails, certains défauts caractéristiques de cette sculp
ture ont absolument 1’ air de dériver dp goût naturel ou de la manière spé
ciale de voir ou de sentir de l’artiste et non pas de l’inexpérience.
Toutefois, à mon avis, cette œuvre ne saurait être classée que parmi
celles d’auteurs inconnus qui rappellent vaguement le faire de Pietro Lombardo.
Les feuillages des pilastres et des supports semblent sculptés par un orne
maniste habitué à traiter le marbre rouge véronais.
Parmi les divers travaux décoratifs de l’intérieur du nouveau Palais, dont
la direction ou la surveillance échut à Pietro Lombardo, nous devons citer le
plafond et la frise de la chambre des Scarlatti; travaux remarquablement
exécutes par les éminents sculpteurs Biagio et Pietro frères, de Faenza, déjà
terminés en 1503 ( 1 ).
Pietro Lombardo avait été choisi avec le titre d’architecte de la nouvelle
construction, car pour les autres parties du Palais, la Seigneurie se servait du
proto du Magistrato al Sale et parfois de quelque autre maître, tel que Giorgio
Spavento de la Procuratie de Supra-, néanmoins le nom de Lombardo figure
souvent même dans les ordres et comptes des restaurations ou autres travaux
exécutés dans le Palais dit Vecchio ( 2 ). Ainsi en 1509 ce fut qui lui fut chargé de
préparer le seragie per la custodia del Signore Marchexe da Mantua, c’ est-à-dire
pour François Gonzague prisonnier des Vénitiens, qui dans cette circonstance
dut penser quelquefois à la Chapelle votive qu’ il avait commandée à ce
maître ( 3 ).
En 1500 la Seigneurie s’ entendait avec les Procurateurs de S. Marc pour
ajouter à chaque côté de la Tour de 1' Horloge un corps de construction ; et
comme pour cela il fallait démolir une partie des maisons à balcons de Ziani
appartenant à la Procuratie, on décidait, à titre de compensation, de payer le
(12 3) Texte I tj p. 237.