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SECONDE PARTIE
tres pactes et clauses importante devaient encore y figurer. Ainsi par exemple
quelque indication relative au maître-maçon chargé des travaux, car il est inad
missible que Lombardo, proto du Palais Ducal de Venise, ait pu s’ absenter
longtemps de cette ville.
Dans cette grande Eglise dont la structure générale des nefs fait songer
à notre Eglise de S. Zacharie, beaucoup de parties rappellent la période de
l’art ogival; le style de la Renaissance s’accuse nettement au contraire dans
la partie supérieure de la façade et dans la Chapelle principale avec les deux
des côtés. De plus, en soumettant ces trois Chapelles au crible de l’analyse
artistique, il me semble qu’on peut leur assigner à toutes une date au moins
postérieure d’une.trentaine d’années au commencement de la-reconstruction.
La partie inférieure de la façade ou mieux le rideau de pierre (T. fig. 169),
où ont été insérés les restes de la construction de maître Bartolomeo délia
Cisterna ( 3 ), n’a pas un vrai plan architectonique et dans le haut le classique
fronton triangulaire et les deux capricieuses lignes concaves qui épaulent le
corps médiane ne servent guère à animer l’ensemble de la façade; Motif nul
lement familier à Pietro Lombardo, quoique déjà employé par plusieurs autres
maîtres dans des édifices analogues, même, ce me semble, par Tullio dans
l’Eglise de Praglia (v. fig. 159), et qui faisait peü après son apparition éga
lement. à Venise dans celle de Sainte-Marie-Majeure élevée après 1505
(v. fig. 170). ■■
Dans la façade du Dôme de Cividale, l’ idée- du fenêtrage du milieu est
bonne et jusqu’à un certain point les saillies de ses supports contribuent à
rompre la monotonie du long entablement inférieur; mais par rapport au reste
il a un aspect plutôt mesquin et fragmentaire.
La direction de ces travaux fut probablement confiée dans la suite à Tullio
Lombardo qui amena peut-être quelques maîtres- lombards et il pourrait se
faire quelques-uns de ses parents. Et ce qui m’engage à embrasser cette hy
pothèse, ce sont les renseignements que j’ai découverts relativement au mo
nument élevé dans cette Eglise à la mémoire de l’Evêque Niccolô Donato (f 1497),
et auquel travaillait en 1531 maître Giovanni Antonio di Bernardino de Ca-
rona (*).
Ce monument se compose d’un sarcophage avec la statue de l’Evêque
couchée, supporté par de doubles modillons à feuillages et écussons et décoré
de guirlandes renfermant des têtes de profil exécutées avec une certaines fi
nesse. Un peu plus haut et adossées au mur sur des consoles sont trois sta
tues, dont celle du milieu, représentant la Madone avec 1’ Enfant sur le bras
gauche, a la tête bien conduite. Dans l’ensemble et relativement à la manière,
ces figures peuvent être classées parmi les travaux de V École Lombardesque.
(‘) Texte It., p. 238.