LA. RENAISSANCE.
321
Monument de Giovanni Mocénigo. Le Doge Giovanni Mocénigo mou
rait en 1485 et on lui élevait bientôt après dans T Eglise des Ss. Jean-et-Paul
« un tombeau de marbre très fin, avec belles figures dues à Tullio Lombardo,
»sculpteur émérite^) ». Et ici encore il suffit d’un simple regard pour don
ner sans hésiter pleinement raison à Sansovino (v. fig. 138).
Les masses ou lignes générales du monument sont composées avec une
certaine et imposante simplicité ; toutefois, cette première impression passée
l’analyse de l’œuvre laisse plutôt froid l’observateur qui ne peut s’empêcher
de trouver à redire surtout par rapport aux lourdes proportions de 1’ entre-co
lonnes médiane, à l’emploi irrationnel du double attique, à la monotone ré
pétition des récurrences horizontales (?), à la pauvreté des décoratives et au
manque de vie dans la partie figurée, où l’on voit trop l’imitation de l’antique
et qui, si Y on excepte les deux statues dans les niches, n’ est pas en réalité
conduite avec beaucoup de goût et sous une forme achevée.
Il faut ici tenir compte du type des chapiteaux composites à double rang
de feuillages, qui semblent calqués sur quelque fragment romain, et remarquer
également la forte inclinaison des bandes de l’architrave.
Relativement enfin à l’évolution du concept classique de l’architecture,
ce mausolée s’écarte trop du mausolée Vendramin pour n’avoir pas été des
siné plusieurs années après et pour ne pas avoir sa place marquée parmi les
travaux du XVI e siècle, certainement peu éloignés de la Chapelle Zen de Saint-Marc..
Tombeau Sabellico. C’est aux premières années de ce siècle qu’appar
tient le bas-relief tombal que le célèbre Marco Antonio Coccio dit le Sabel-
lieo (f 1506) se fit préparer à lui-même dans l’île de Sainte-Marie-des-Grâces et
qui se trouve actuellement au Musée Civique (v. PI. 123).
Cette pierre dont le motif est emprunté de quelque antique stèle funé
raire est un travail très estimé pour les gracieuses lignes de la composition,
pour le sentiment et la manière exquise dont a été en général conduite la
partie animée ; toutefois on désirerait une plus grande agilité dans les nus des
petits amours. Et là encore, non seulement au type des figures et de la déco
ration architectonique du fond ou contour, mais encore à la manière caracté
ristique de modeler le bas-relief, il est aisé de reconnaître le ciseau d’un des
fils de Pietro Lombardo et vraisemblablement celui d’Antonio.
Il est encore bon de remarquer que cette sculpture a également des
analogies avec cette autre si magistralement composée et exécutée qui orne le
sarcophage d’Antonio Corner dit le philosophe (v. pl. 124 fig. 1).
On voit clairement au contraire la marque de Tullio et sa tendance au
maniérisme dans un délicat bas-relief (v. fig. 171), qui se trouve dans l’Ora-
(') Texte It., p. 239.