224
SECONDE PARTIE
tile de mettre en lumière un autre fait qui sert à démontrer l’habileté
d’Antonio.
En 1505, Felice de Fredis retrouvait dans les thermes romains de Titus
le fameux groupe de Laocoon; découverte qui suscita un vif enthousiasme
tant chez les artistes que chez les mécènes; et ce chef-d’œuvre donna lieu à un
nombre infini de reproductions.
Je me demande si, en pareille circonstance, un amateur de l’antiquité
aussi passionné que le Duc Alphonse pouvait se dispenser d’ordonner un travail
du même genre; il faut d’ailleurs se rappeler qu’Antonio di Elia, maître qui
avait d’abord été à son service, exécuta à Rome vers 1517 une copie en bronze
du groupe de Rhodes estimée l’une des meilleures par Caradosso; celle sans
doute qui se trouve aujourd’hui au Musée National de Florence (v.fig. iy6) ( 1 ).
Et même auparavant Antonio Lombardo avait voulu dans les susdits
marbres pour les Este (an. 1508) rappeler la caractéristique statue du prêtre
d’Apollon, que je distingue parfaitement dans le bas-relief où est représentée
la forge de Vulcain.
Comme on le sait, au commencement du siècle dernier, Cornacchini dans
la restauration (tentée aussi par Montorsoli) du groupe du Belvédère du Va
tican, eut à refaire, en stuc, le bras droit manquant de Laocoon et aussi éga
lement celui du fils cadet, les étendant toutefois ver le haut; attitude que la
critique reconnut ensuite peu exacte car à l’origine ces bras devaient être pliés
vers la tête ou la nuque.
Nous retrouvons précisément le même mouvement dans la figurine sculptée
par Lombardo, qui, de cette manière, fit preuve, sinon relativement à la com
position esthétique de la ligne, d’une intelligence supérieure.
Parmi les différentes histoires en mi-relief de la susdite Chapelle du
Saint à Padoue, celle représentant le miracle du verre qui dans sa chute casse
une pierre (v. PI. 127 fig. 4) est un travail, comme 1’ a écrit Michiel et comme
le confirment les documents de Gonzati — de mano de Zuan Maria Padoano,
finito da Paulo Stella Milanese nel 1529.
Dans cette sculpture importante, malgré certains défauts dans les rapports
perspectifs et dans les proportions de quelques figures, il est facile de recon
naître un produit de la période de transition entre 1’ art des Lombardo et celui
de Sansovino. Toutefois l’influence des premiers est encore ici manifeste en
plusieurs points et peut-être due moins a Paolo Stella qu’à Gianmaria Mosca;
c’ est ce qu’ on peut, à mon avis, déduire de 1’ étude comparative des travaux
exécutés par ce maître original que (nous avons vu déjà travailler même à
Venise ( 2 ).
D’après Sansovino, dans l’Eglise de Sainte-Justine de cette ville «sur
( 12 ) Texte It., p. 162.