LA RENAISSANCE.
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» Г autel très riche de porphyres et de serpentins de la famille Dolce, sont
» deux Statues en Marbre de Paros, presque de grandeur naturelle, œuvres
» d’Antonio Lombardo et de Paolo Milanais, statuaires très célèbres en leur
» temps. Mais leur travail se trouve de beaucoup surpassé par un Christ en
» marbre presque de la hauteur d’un bras, sculpté par Tomaso Lombardo,
» élève de Sansovino Í 1 ) ».
Nous n’ avons plus aucune trace du Christ de Tomaso de Lugano ; les
deux autres statues, au contraire, peu importantes, représentant S. Pierre Martyr
et S. Thomas d’Aquin, ont été, lors de la suppression de V Eglise, placées dans
le Temple des Ss. Jean-et-Paul sur les côtés des deux arches renfermant le
tombeau de Lodovico Trevisan et les restes du monument du Doge Michèle
Sténo.
Moschini, sans aucun document à Г appui, adjugea ces statues, Г une à
Paolo Milanais et Г autre à Antonio Lombardo; mais, à considérer le mélange
des caractères artistiques, il est beaucoup plus probable qu’ elles furent com
mencées par Lombardo et ensuite, en 1506, lorsqu’il se transporta à Ferrare,
données à terminer à Г autre sculpteur, que je soupçonne en outre avoir été
Paolo Stella milanais, qui eut à achever le premier tableau en marbre dans la
Chapelle du Saint à Padoue et qui travaillait aussi à Venise.
Dans la vie de Tullio Lombardo, Temanza attribue à cet architecte le
transept de Г Église de Sainte-Marie-Majeure de Trévise « autrefois desservie
» par les Chanoines de S. Salvatore, achevée vers Г an MDXXX ». Telle était
de ce chef l’estime dont jouissait Tullio « que les Chanoines de Venise du même
» institut le choisirent pour bâtir leur Église de S. Salvatore. Un certain
» Giorgio Spavento, qui mourut en MD, avait déjà commencé la chapelle
» majeure. Mais il n’ alla pas au delà de la Tribune ; aussi le mérite de cette
» magnifique Église revient-il tout entier à notre Lombardo. Le plan de ce
» temple est très singulier ». (v. fig. 177). « Il est comme une des Croix pa-
» triarchales, qui ont trois croisillons, ou traverses; une plus grande vers le
» sommet, et deux plus petites, mais égales, au dessous de celle-ci. Ce sont
» donc trois transepts formés de trois arcs grandioses, qui s’élèvent jusqu’au
» toit » ( v. fig. 178 et 177 ). « Ces arcs sont placés au milieu d’autres arcs
» plus petits de chaque côté de l’Église, lesquels forment autant de petites
» chapelles. La chapelle majeure faite en Tribune a la même symétrie et la
» grandeur des arcs des transepts, avec petites chapelles sur les côtés, corres-
» pondant à celles déjà décrites. L’ ordre principal est de pilastres corinthiens,
» avec piédestal, et surornement, au-dessus duquel est un bel attique. qui sup-
» porte les voûtes des deux grands transepts, et de la nef. Les arcs des petites
» chapelles sont supportés par des pilastres d’ordre ionique adhérents aux
(* ) Texte It., p, 240.