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SECONDE PARTIE
Mais si la meilleure période de la vie et l’époque de la mort de Pietro
se trouvent de cette façon mises en lumière, une obscurité profonde entoure
l’année de sa naissance et ses premiers pas dans le domaine de l’art où il
devait plus tard briller d’un si vif éclat. Né sans doute d’un pauvre taiapiera,
il est probable que, comme tant d’autres Comasques, il laissa dès la jeunesse
son pays de montagne pour travailler çà et là ou avec un parent ou sous
d’autres maîtres.
D’autre part, si l’on considère que dès 1475, le mérite de ses fils Tullio
et Antonio commençait déjà à être connu, on pourrait en conclure que le plus
âgé des deux, sans doute Tullio, devait approcher de la vingtième année; âge
qu’il faudrait au moins assigner à Pietro au moment de son mariage. Aussi
je suppose que, en s’en tenant à ce calcul purement approximatif, il convient
de ne placer sa naissance guère après 1435.
J’ai parlé plus haut de Bartolomeo Bellano comme l’un des maîtres avec
lesquels Pietro dut avoir des rapports; toutefois ceci ne pourrait avoir trait à
une époque très éloignée de l’arrivée de Lombardo à Venise, car, à s’en tenir
aux documents que j’ai eu la bonne fortune de découvrir à l’Archivio Civico de
Padoue, la naissance même de Bartolomeo Bellano, fils de Bellan orfèvre ( 1 ),
doit à peu près coïncider avec celle de Pietro Lombardo.
J’ignore s’il y eut jamais des rapports entre ce maître et Pietro di Mar
tino de Milan fait chevalier par le roi Alphonse pour les grandioses travaux
de l’Arco du Castel Nuovo de Naples, et qui en 1470 préparait une sépulture
prò se ac poster is à S. Maria Nuova de la même ville. Je ne sais pas davan
tage si Pietro Solaro était parent de plusieurs Lombardi qui peu après la moi
tié du XV e siècle travaillaient à Rome, parmi lesquels un Martino sculpteur
qui s’y trouvait en 1461. Je dois en dire autant de Martino luganais (cité par
M. Caffi) ingegnerò et magistro de muro constructeur du château du Val-de-Taro;
maître qui, en 1479, obtenait du Duc de Milan lettera di passo pour lui et deux
compagnons, sans doute afin de pouvoir aller travailler en d’autres pays.
Et quoique la chose paraisse probable, nous n’avons aucune preuve pour
l’identifier avec Pietro de Lugano, qui en 1456, sous Bortolomeo dit Meo de
Florence, travaillait au maître-autel et au tombeau du Pape Urbain III dans
la Cathédrale de Ferrare.
Quoiqu’il en soit, à mon avis, il est hors de doute que dans sa jeunesse
Pietro Lombardo eut l’occasion de se trouver en rapport avec quelques scul
pteurs toscans. Mais, pour démontrer la vraisemblance de mon assertion (fon
dée sur une certaine pureté relative de ses manières relativement aux œuvres
caractéristiques d’autre maîtres de la Lombardie); il serait en outre néces
saire d’avoir l’appui de quelques documents. Documents qui aujourd’hui,
(B Texte It., p. 249.