LA RENAISSANCE.
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SEBASTIANO DE LUGANO.
Sur Sebastiano de Lugano, sculpteur et architecte, nous n’avons que très
peu d’indications, et les dernières recherches qui ont été faites dans les archi
ves ne contribuent guère à déterminer le rôle de ce maître dans notre Re
naissance. Toutefois il ne me semble pas qu’il ait à profiter beaucoup d’être
comparé à Rizzo, à Codussi, anx Lombardo et à Léopardi.
Deux autres tailleurs de pierres du nom de Sebastiano (probablement
équarrisseurs uniquement) travaillèrent à Venise, l’un vers la fin du XV e siècle
et l’autre, bergamasque, au commencement du XV e (il mourut avant 1515),
lesquels, par défaut de toute autre indication, pourraient engendrer quelque
confusion ; néanmoins, à mon avis, les premières indications que je vais don
ner ne pouvent avoir trait qu’au maître luganais.
Le 17 Octobre 1489, m.° Sébastian taiapiera fournissait des bois de char
pente pour la restauration de la Loggetta du Campanile de S. Marc ( 1 ).
Sur les registres de l’Église de S. Marc où se trouve cette indication,
figurent, sous les dates du 17 Mai et du 7 Juillet 1490, des paiements faits à
un maître Sebastiano qui avait exécuté les pilastres à fusarolles et feuillages
pour le contour de 1’ entrée de la nouvelle Chapelle de S. Théodore, dessinée,
je T ai dit, par Giorgio Spavento (v. PI. 105 fig, 2). Dans cette porte le travail
d’équarrissage fut dirigé par maître Domenico, souvent cité dans les comptes
de S. Marc, et la riche frise et les chapiteaux furent sculptés, au contraire, par
Matteo de Valle ( 2 ).
Mais, à vrai dire, les décoratives exécutées ici par Sebastiano manquent
beaucoup d’élégance de composition et de finesse de facture, et même sur
certains points la sculpture est tout à fait commune. Peut-être le dessin de
cette porte, d’ailleurs recommandable par ses bonnes proportions, appartient-il
au même maître.
Comme le rapporte Gonzati, en 1503 Sebastiano de Lugano achevait de
sculpter la statue de S. Prosdocime, ébauchée par Gianmaria de Padoue pour
l’attiqne de la Chapelle du Saint de cette ville (v. fig. i?j). Sculpture un peu
raide, non pas toutefois aussi médiocre que le voulait Selvatico, et qui, étant
donné la hauteur du lieu, fut même exécutée avec assez de soin.
Ce travail me rappelle les trois statues de l’autel que fit élever un Évêque
de la noble famille Trévisan vers le commencement du XVI e siècle pour l’O-
0 *) Texte It., p. 262.