Full text: La renaissance (Seconde partie)

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SECONDE PARTIE 
» de même que la conception et 1’ exécution, soit du cheval, soit du cavalier, 
» jusque dans la crinière bouclée, jusque dans le réseau puissant des muscles 
» et des veines, ont l’empreinte originale de Verrocchio (*) ». 
P. Selvatico a écrit: « Je trouve un peu étrange l’éloge qu’a fait Cico- 
» gnara de ce cheval ; encore un peu ce serait une critique, car il dit que, dans 
» 1’ énergie de son mouvement il a 1’ air de vouloir descendre du piédestal : 
» ce qui ne me paraît pas un éloge adapté à 1’ œuvre monumentale qui devrait 
» respirer la magna tranquillitas, que recherchaient tant les artistes grecs. Con- 
» venons toutefois avec lui que le mouvement en est juste, les proportions 
» grandioses sans 1’ ombre de lourdeur, 1’ anatomie bien comprise, et l’action 
» du cavalier propre à un homme revêtu d’une pesante armure ( 2 ) ». 
Précédé, entre autres, par Donatello avec la statue équestre de Gatta- 
melata ( v. fig. 200 ), épris de 1’ antiquité ( 3 ) mais ennemi de tout servilisme 
et recherchant avant tout une empreinte originale, Verrocchio surpasse ici tous 
ses rivaux par la verve artistique, la puissance du sentiment et la science 
de la forme. 
Et, pour moi, dans le maître qui modelait l’imposante statue de Colléoni, il 
y a presque le savoir-faire et le sens artistique de l’immortel génie qui sculpta 
le Moïse du tombeau de Jules II: de Michel-Ange (Buonarotti) qui, lorsque 
mourait Verrocchio, faisait ses premières armes dans 1’ atelier de Ghirlandaio. 
Parmi les signataires du testament de Verrocchio figure certain Francesco 
di Lorenxp deir opera, fiorentino, le même, je crois, que le ser fr an ci s cum de V opera 
florentinum xoielerium, cité dans l’acte testamentaire que faisait dresser, le 17 
Mars 1485, Adriano Taiacarne, fils de Matteo da Levante Ligure, graveur sur 
pierres fines et médailliste, domicilié à Venise à S. Luca ( 4 ), peut-être parent 
de Battistino Taglia génois maestro difare cammei qui, en 1488, travaillait pour 
le Roi de Naples, et de Giacome Taiacarne de Gênes que Leonardo Pesarese 
rangeait parmi les plus fameux graveurs sur pierres fines de son temps (1502). 
11 est à supposer que Verrocchio amena à Venise quelques-uns de ses 
élèves ou garçons ( 5 ) et qu’ on lui demanda encore d’autres travaux. C’ est ce 
qui semble ressortir du texte de Vasari et notamment du passage suivant de la 
biographie de ce maître, où il est question de certaines études de cheval re 
latives sans doute en partie au groupe équestre de Colléoni : « Il y a plusieurs 
» dessins de sa main dans notre livre, exécutés avec beaucoup de patience et 
» très grand jugement, entre autres, quelques têtes de femmes avec grand air 
» et belles coiffures dont la beauté n’ a cessé d’inspirer Léonard de Vinci. Il y a 
» encore deux chevaux avec 1’ échelle des dimensions et cintres pour les faire 
» plus grands, bien proportionnés et sans erreurs : et j’ai chez moi en relief de terre 
» cuite une tête de cheval imitée de l’antique, qui est une chose rare; et plu- 
( 1 2 3 4 5 ) Texte It., p. 265.
	        
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