Full text: La renaissance (Seconde partie)

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SECONDE PARTIE 
Ces chefs-d’œuvre de fonte (v. PI. 110 et 121) par les proportions solides 
et élégantes tout ensemble, par la grâce incomparable du mouvement ou jeu 
des profils, par la beauté des motifs ornementaux et par le goût infiniment 
exquis de l’exécution, suffiraient à eux seuls pour assigner à Léopardi l’un 
des rangs les plus élevés parmi tant d’illustres décorateurs qui florissaient à 
la Renaissance. 
Les trois scènes représentées autour de la partie inférieure de ces pié 
destaux ont donné lieu à diverses interprétations ; mais en général le sens le 
plus vraisemblable est celui qu’admet Cicognara et qui suit: « Notre avis est 
» que, destinés uniquement à orner et décorer la place, ils étaient comme 
» le symbole de la puissance et de la grandeur de la République 
» Sans variété dans les masses principales, les bas-reliefs qui entourent les 
» mâts dans le corps de leur soubassement diffèrent entre eux. L’un représente 
» les fruits de la terre transportés sur la mer par les Néréides et les Tri- 
»tons; par le moyen de la navigation libre et indépendante, les biens et 
»l’abondance se tirent d’au-delà des mers, et deviennent communs à tous 
» les peuples de la terre. Un autre bas-relief offre, placées sur trois vaisseaux, 
» la Justice, Pallas et l’Abondance, escortées d’éléphants, dauphins et chevaux 
» marins. L’artiste a fait preuve de la plus grande habileté, en associant à la 
»Justice l’éléphant, emblème de la force, de la prudence, de la tempérance, 
» et de toutes les vertus, qu’il n’a cessé de symboliser chez les Egyptiens et 
» depuis lors, surtout à 1’ époque indiquée par nous où les emblèmes, les allé- 
» gories et les devises étaient très en vogue et exerçaient la perspicacité des 
» lettrés et des artistes. Il adjoignit le cheval marin à Minerve, assise sur une 
» cuirasse, qui, tenant l’olivier et la palme, symbolisait moins l’étude que Part 
» militaire ; enfin se rappelant opportunément que le dauphin, pour avoir sauvé 
» la vie à Alcyon, a toujours été l’emblème du bienfait, il l’attela au vaisseau 
» de la bienfaisante Abondance, comme étant celle qui apporte aux popula- 
» tions richesse et confort, en les sauvant du plus grand de tous les maux, la 
» disette. Dans le dernier il plaça le Dieu de la mer auquel un satire présente 
» les fruits de la vigne, assis sur le dos d’une bacchante marine, pour mon- 
» trer que, si Venise règne sur les bords de l’Adriatique, elle voit cependant 
» venir à elle, à titre de tribut, les dons de Bacchus des riches coteaux du 
» Véronais, du Vicentin et du Frioul » ('). 
Le groupement des figures de ces allégories ne laisse rien à désirer et 
en particulier quant au but décoratif de remplir également les fonds ; la forme, 
d’ailleurs, des corps et meme les divisions des draperies sont exécutées surtout 
de manière et sont quelque peu insipides. 
Fièrement expressifs sont les trois lions symboliques ailés qui animent 
( 1 ) Texte It., p. 269.
	        
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