LA RENAISSANCE.
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les premières du XVI e , c’est-à-dire quand Guglielmo n’avait pas encore cer
tainement donné signe de vie.
La manière de profiler et certaines répétitions rappellent beaucoup mieux
au contraire la Tour de l’Horloge et les Chapelles de l’Église de S. Roch et
je ne crois pas du tout invraisemblable que Bartolomeo Bono y ait mis
la main.
Si l’on a justement reproché à ce palais le défaut ou manque de corres
pondances entre les ouvertures du rez-de-chaussée et des étages supérieurs, et
en outre l’insuffisant ou faible couronnement terminal, il faut cependant re
connaître que 1’ aspect en est grandiose et excellente la division des fenêtres
des trois ordres supérieurs relativement bien proportionnés. Et il faut aussi
noter 1’ emploi général des chapiteaux de type ionique; simplification classique
qui, étant donné le goût local, doit être l’œuvre d’un architecte qui n’exerçait
pas le métier d’ornemaniste. Probablement ici encore travailla quelqu’un des
maîtres employés aux œuvres ajoutées à la Basilique voisine de Saint-Marc, où
je suppose que Bon avait donné, même avant 1505, des preuves de son sa
voir-faire.
Témanza fait observer que « le riche et noble palais public dit des
« Camerlingues ( v. 11. 136 fig. 1) au bas du pont de Rialto ( l ), achevé en
» 1525, au temps du Doge Andrea Gritti, porte le caractère de ce Guglielmo
» Bergamasque. Les modillons qui sont son ouvrage l’indiquent merveilleuse-
» ment, et de même l’ingénieuse distribution intérieure des Salles et Cham-
» bres. Car, quoique le plan soit fort irrégulier, il a su en tirer le meilleur
» parti possible ( 2 ) ».
Il peut se faire que Guglielmo des Grigi ait dû exécuter des travaux
pour cet édifice ; toutefois, particulièrement dans les susdits modillons, il me sem
ble plutôt découvrir le caractère de Bartolomeo Bon, parent de Guglielmo,
qui fut peut-être ici le collaborateur d’Antonio Scarpagnino et de plusieurs
maîtres lombards auxquels il convient beaucoup mieux d’attribuer les ornements
des frises à patères et festons, de certains ronds et en particulier des chapi
teaux (v. 11. 138 fig. 3) dont plusieurs compositions bizarres ont fait croire à
d’ignobles allégories.
Quoique plus somptueux et gai d’aspect que les voisines Fabbriche Vecchie
de Rialto élevées par Scarpagnino après l’incendie de 1514, toutefois, excepté
certaines parties telles que la corniche et la porte, cet édifice présente trop
de défauts pour pouvoir retenir longtemps un amateur d’architecture devant
ses façades. Les entraves ou les conditions d’espace et d’usage imposées au
0 2 ) Texte It., p. 280.
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