LA RENAISSANCE.
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Burckhardt fait justement observer que dans S. Fantino « l’intérieur, très bien
» conçu, est comme une esquisse de S. Salvatore sauf qu’ au lieu des
» voûtes en dôme 1’ architecte a encore eu recours aux voûtes d’arête (*) ».
Le cardinal Giovanni Battista Zeno laissa en mourant ( 1501 ) un legs de
10,000 ducats pour démolir la vieille Église de S. Fantino ( restaurée depuis
quelques années d’après Sabellico ) et pour la rebâtir plus grande et plus belle.
Aussi la Signorie, voulant exécuter les dernières volontés du généreux
bienfaiteur, ordonnait-elle de prélever sur cette somme l’argent nécessaire à la
reconstruction, qui fut dès lors commencée et dont la première pierre fut so
lennellement posée le 25 Mars 1507 ( 2 ).
En Août 1508, 2000 ducats avaient déjà été dépensés et le Sénat enjoi
gnait d’en débourser encore autant, afin de pouvoir perficer cussi bona opera, et
necessaria ( 3 ).
Mais il fallait bien d’autres sommes pour achever l’édifice projeté; même
le legs tout entier de Zeno n’y pouvait suffire, si bien que, malgré les impor
tunités et les expédients du curé Marco Rodino, la construction, certainement
interrompue plusieurs fois, n’était pas encore terminée en 1533; et même
d’après Temanza : « Ce qui resta en arrière fut la Chapelle majeure, laquelle
» fut élevée plusieurs années après avec l’argent de la vente de quelques maisons
» voisines, qui provenaient encore de la fortune du Cardinal Zeno. Sansovino
» fut 1’ architecte de cette Chapelle; et il s’ y montra homme de talent. Elle
» est d’ordre Composite » ( elle est au contraire d’ordre corinthien ) « avec
» quatre majestueuses colonnes cannelées, qui soutiennent les arcs, et la gra-
» cieuse coupole qui la couvre. Elle est riche en marbres, et est très simple,
» comme il convient à la bonne Architecture. Peut-être Vittoria y mit-il aussi
» la main. Quand cette Chapelle fut achevée vers 1564, Sansovino avait 85 ans;
» aussi ne faut-il pas s’étonner qu’Alessandro y ait aussi travaillé ( 4 ) ».
Certainement, pour s’ exprimer d’une manière si explicite sur Giacomo
Sansovino, Temanza doit avoir eu quelque indication sûre, dont malheureuse
ment, ce qu’il ne fait jamais, il a oublié de nous citer la source. Aussi, si l’on
ne peut douter que le célèbre sculpteur et architecte florentin n’ ait mené à
terme la construction, on ne peut d’un autre côté, en consultant les caractères
artistiques de 1’ extérieur et de l’intérieur du presbytérium ( 5 ), s’empêcher
de se demander si cette partie doit lui être réellement attribuée ou si plutôt
il n’ a pas voûté la coupole et dirigé l’exécution des derniers travaux accessoires
ou d’achèvement. Coupole qui, avec les élégantes colonnes nichées dans les
angles, disposées d’une manière si heureuse et si originale, devait déjà figurer
sur le plan primitif conformément aux ordres de Zeno, rappelées par le même
Temanza relativement à la forme de l’Église qui devait être omnium genere
( 1 2 3 4 5 ) Texte It-) p . 288.