LA RENAISSANCE.
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à redire à de telles conjectures, et je ferai ressortir ailleurs dans une autre
étude qu’ il serait plus juste de les attribuer à Giorgione. Ou’ il me suffise
d’avoir ici rappelé le plus bel exemple du concours delà peinture employée
pour rehausser l’éclat des tombeaux vénitiens.
Combien d’autres trésors semblables le pinceau du badigeonneur n’a-t-il
pas recouverts ? Combien dont nous ne pouvons rien reproduire ou remettre
en lumière, même en partie?
On retrouve de fréquentes analogies dans les sculptures ornementales de
beaucoup d’œuvres de la Renaissance quoique confiées à des artistes différents;
mais cependant ces analogies ne peuvent pas toujours servir sûrement de termes
de comparaison pour résoudre ou trancher les problèmes relatifs à la pa
ternité artistique d’autres travaux de maîtres incertains ou inconnus, car il
est inadmissible que les artistes primaires auxquels étaient confiées ces œuvres,
parfois même suivant un type imposé par les commettants, aient, certains cas
exceptés, mis la main même aux décorations secondaires ; autrefois comme
de nos jours ces parties étaient réservées ou confiées au ciseau de jeunes élèves
ou de spécialistes qui s’occupaient exclusivement de 1’ ornementation.
Même abstraction faite du concours de ces décorateurs, la similitude des
caractères d’une foule d’ornements de nos monuments s’expliquerait encore
par le grand nombre et la prépondérance des maîtres tailleurs de pierres de
Lombardie qui travaillaient alors à Venise, venant en grande partie des pays
relevant alors du Diocèse de Côme.
Ce qui par surcroît rend souvent encore plus difficile les analyses arti
stiques, c’ est l’action de plusieurs artistes dans les œuvres de grande impor
tance ou dans celles qui laissées incomplètes furent achevées par d’autres. Et
nous dvons une preuve de ce s compénétrations de ciseaux (à mon avis) non
seulement dans le monument Tron, mais encore dans le monument érigé dans
l’Eglise des Frari à la mémoire de Jacomo Marcello (v. la Planche du fron
tispice de ce volume), œuvre que je crois conçue et en partie même exécutée
par Rizzo et sur laquelle je reviendrai plus loin, me bornant à rappeler ici
qu’ elle nous offre le premier exemple vénitien de monuments pensiles ren
fermés, comme celui d’Onigo, dans des corniches annulaires.
Le Palais Ducal. Là où le mérite d’Antonio Rizzo comme ingénieur et
architecte éclate davantage, c’ est dans la reconstruction de la grande partie
du Palais Ducal renversée par le terrible incendie survenu dans la nuit du
14 Septembre 1473, désastre dont nous informe le récit suivant du contempo
rain Marino Sanudo : adi 14 septembrio a bore y de note se impio fuogo in questa
citta nel pala\o del doxe et comen%o abrasar data parte dove erra la capella chel
doxe ogni iorno udiva messa causato perche ehjigo lasso il stupin del candeloto acceso