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SECONDE PARTIE
sur les planches ci-dessus indiquées, deux particularités congénères (v. pl. 93)
du fenêtrage avec appui, qui dans la façade du quai éclaire la salle dite dello
Scudo correspondant par conséquent aux ouvertures de la façade qu’ on voit
sur la pl. 85.
En somme le relief des différentes corniches et des autres faisceaux de
modénatures est un peu trop uniforme ; mais il faut remarquer au contraire
l’emploi rationnel de la gouttière dans la dernière corniche sous laquelle
court l’ornement à têtes de lions alternant avec des cercles de marbre de cou
leurs. Excellent également le profil de l’avant-dernier entablement dont la
riche décoration à feuillages combinés avec diverses figures et disques a été
si admirée de Selvatico. D’ailleurs, à considérer le goût ou la manière de trai
ter l’ornement (v. pl. 87), je supposerais qu’il est en partie postérieur à Rizzo
et même terminé par certains ciseaux qui, au XVI e siècle travaillèrent à la
Scuola grande de S. Roch sous les ordres d’Antonio Abbondi dit Scapagnino,
lequel acheva ce côté du Palais.
Mais outre les nombreuses sculptures, outre tant de miroirs de marbres
polychromes et les dorures dont on retrouve çà et là des traces, on découvre
employée là une autre espèce de décoration, je veux dire le guillochage du
marbre, comme l’indique la bande courant le long de la façade sur les fenê
tres placées sous la loggia.
L’une des particularités architectoniques de cet édifice et dont il est bon
de tenir compte quand on étudie l’évolution de la Renaissance, c’est la forme
quadrangulaire donnée aux abaques des chapiteaux, non seulement dans la
galerie ouverte à arcs aigus (v. fig. 23) où, comme réminiscence de la période
ogivale ce type aurait sa place marquée ; mais encore (en dehors du portique)
sur tous les autres chapiteaux tant des pilastres que des colonnes, et parfois
avec des proportions très fortes comme dans les trois arches à plein cintre
du second ordre, lesquelles servent d’entrée et correspondent à l’escalier des
Géants (v. pl. 118, fig. 1 et pl. 83).
Même la masse et les sacomes de ces dernières cimaises trahissent jusqu’à
l’évidence les tendance de l’architecte de la porte de S. Elena et du monu
ment Tron ( 1 ).
Au-dessus des abaques rectilignes sont encore souvent disposés d’autres
entablements ou surornements, et cette forme singulière que l’on voit répétée
tant dans le dernier ordre des deux façades, que sur les grands quais d’ac
cès (v. fig. 24), fut aussi proposée par Rizzo comme expédient statique dans
son projet pour la restauration du palais délia Ragione de Vicence.
Quoique avec ce type on obtienne une structure en apparence et en réa
lité beaucoup plus solide qui peut en outre ouvrir le champ à certaines déco-
( l ) Texte It., p. 155.