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SECONDE PARTIE
l’expression de certaines têtes et la beauté des formes, en font des modèles
de la figure appliquée à la décoration architectonique.
A ces allégories glorifiant la mémoire du Doge Agostino Barbarigo, fait
un digne pendant le bas-relief représentant deux génies lesquels tiennent par
le milieu 1’ écusson de ce prince (y. pl. 93 fig. 1 et fig. 29), que l’on voit à l’ex
térieur sur la première porte du quai dans la façade du Palais, tournée vers
l’orient.
Quoique ces deux figures soient exécutées avec plus de soin et de vérisme
que les amours en bas-relief dans le monument Tron (v. fig. 22), elles les
rappellent cependant suffisamment et surtout dans les têtes et dans la forme
des jambes. Puis elles ont, tant par les plis des draperies, que par le genre
du modelé, tant d’affinité avec les susdites figures de femmes de l’avant-corps
de l’Escalier des Géants, qu’on peut les attribuer sans crainte au même ciseau
original.
Dans la Chapelle voisine de l’entrée latérale de l’Eglise de S. Trovaso,
existe un autel dont le devant (v. pl. 49), orné des légers bas-reliefs qui sont
une spécialité de la Renaissance, a donné matière à de nombreuses conjectures
relativement à sa paternité artistique. Conjectures d’ailleurs si superficielles
qu’ il n’ est pas besoin de s’ y arrêter ; qu’ il suffise de dire ici que plusieurs
l’ont attribuée à Donatello.
C’ est un travail qui surtout impressionne génialement, par la pureté du
dessin et le goût fin et recherché de l’exécution; mais qui, en dehors de
l’idée des anges musiciens et de l’exiguité du relief et des perspectives des fonds
(elles aussi typiques dë la Renaissance) n’ a rien de commun avec les sculptu
res Donatellianes.
Etant donné le milieu, les dimensions et le point de vue, il demandait
un soin et une morbidesse de facture, plus grands que dans les susdits bas-re
liefs du Palais Ducal. Et je n’ai pas cru cependant devoir les étudier compa
rativement en me plaçant à ce point de vue secondaire. Mais c’est dans la
comparaison principale de la forme que je retrouve au contraire des analo
gies plus que suffisantes pour le ranger, lui encore, parmi les œuvres, et les
plus intéressantes, de Rizzo. Les éléments de cette affinité sont pour moi l’en
semble des corps, les traits du visage, les chevelures, les jambes, les pieds,
l’égale intelligence du profil, les plis des vêtements, le rapport gradué des
reliefs et en outre la vie ou expression (cf. encore la pl. 99).
Je ne crois pas possible de nier que les sculptures du Palais Ducal in
diquées en dernier lieu soient l’œuvre de Rizzo, parce que (même abstrac
tion faite des comparaisons) comme je l’ai dit (v. page 33) ce maître n’a
vait pas seulement la direction de la reconstruction de la partie du Palais où
se trouvent précisément ces travaux ; mais encore la commission des figures,