LA RENAISSANCE.
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et cela en 1491 sous le dogat de A. Barbarigo, c’est-à-dire lorsque l’Arco Fo-
scari état terminé depuis quelques années, comme en font foi les derniers et
extrêmes écussons qui y furent ajoutés et qui sont ceux des Mocenigo.
Trois bas-reliefs identiques à ceux qui composent le devant d’autel de
San Trovaso se trouvent aujourd’hui au Musée de Berlin (v. fig. 30). Très
vraisemblablement les mêmes que mentionnait Cicognara comme existant à
la villa Altichiera près Padoue, «où l’un des derniers et plus distingués pa-
» triciens vénitiens avait recueilli une foule d’antiquités » ('). Mais par les pro
portions et les caractéristiques du nu, par la manière de porter et écarter les
vêtements et par un certain manque de vie, ils trahissent une main différente,
qui a des points de contact avec le maître qui sculptait les figures dans le
tympan du monument du Doge Pasquale Malipiero aux Ss. Jean-et-Paul (v.
pL 39 fig- i), le bas-relief de la Scuola de S. Jean l’Évangéliste qui est allé
aboutir, lui aussi, au Musée de Berlin (v. fig. 31), et les deux pilastres de la
maison Memmo (v. pl. 52 fig. 2 et 3) qui de Venise, grâce à notre antiquaire
ont passé ailleurs ; sculptures qui (quoique d’un plus grand mérite) dénotent
le faire de Bellano.
Il faut aussi tenir compte, relativement à l’influence de la peinture sur
la sculpture, que le concept de la composition dans le compartiment médiane
de ce devant d’autel avait déjà été plusieurs années auparavant développé et
d’une manière peu différente par les peintres provenant de l’école padouane
de Squarcione qui inaugurèrent la soi-disant école Muranaise Vivarinesque, et
cela dans un tableau exécuté en 1444 ( 2 ) existant dans la Chapelle de la Tous
saint à S. Pantaleone reproduit dans un autre tableau, actuellement aux Ga
leries R. de Venise, représentant le couronnement de la Vierge signé : Joan-
nes et Antonius de’ Muriano F. MCCCCXXXX (?).
Dans les bas-reliefs latéraux, le sculpteur semblerait au contraire influencé
pas Mantegna.
Dans l’Église de la Madone dell’Orto, au-dessus de l’entrée de la sacris
tie, se trouve un groupe représentant la Vierge avec l’enfant sculptés en re
lief sur une haute console décorée de chérubins disposés en deux groupes (v.
P- II, Pl- 47)-
Le traits de la Vierge avec le front convexe, les sourcils taillés ou des
cendant en lignes presque sévères vers le haut du nez, les amples paupières
abaissées sur de grands yeux et l’attitude des lèvres entre le gai et le triste
rappellent (plus que la pureté esthétique) le goût original d’un artiste de la
Renaissance qui, trouvant à sa portée un type sympathique, le reproduit en
y mettant l’expression d’une calme mélancolie. C’est le goût caractéristi-
( 12 ) Texte It., p. 157.