LA RENAISSANCE.
Si
vaux padouans des Minello, des figures de Pietro Lombardo dans le monument
du Doge Pietro Mocenigo aux Saints-Jean-et-Paul de Venise (v. pl. 62) et mieux
encore d’une des statuettes sur le second autel à gauche dans notre Église
de S. Stefano ( v. pl. 59 fig. 1 et 2), qui sont probablement très antérieures
à ce mausolée. La seconde de ces figures représentant l’ascète S. Jérôme (signée
de Pietro Lombardo) a aussi par la forme des jambes certains rapports avec
Saint Christophe sur la porte du susdit oratoire; mais tant par les proportions,
les traits et 1’ expression, que par la coupe du ciseau, S. Christophe se rap
proche au contraire un peu plus de la grêle statue du porte-écusson Mo
cenigo, de l’Adam de Rizzo et du Mars de l’Arco Foscarr du Palais des Doges,
dernière figure avec laquelle on pourrait encore établir quelque comparaison
pour la manière de traiter le manteau.
Le résultat toutefois de ces comparaisons n’atteint pas encore un degré suffi
sant pour l’affimation d’une identité d’auteur, et au contraire elles servent
mieux encore à rendre évidentes certaines influences réciproques de goût ca
ractéristiques du milieu à une période donnée.
Dans l’oratoire de S. Marcello l’autre statue, à la tête plus délicatement
expressive mais avec les épaules un peu tombantes, rappelle à l’encontre par
les plis du vêtement de dessous la caractéristique disposition angulaire et
équarrie avec laquelle Bellano avait coutume de draper les vêtements au bas
de ses figures.
A Vicence même les susdites Madones ont quelque rapport avec le demi-
relief sur la corniche extrême du riche (sinon bel) autel de la Renaissance
dans le transept de 1’ Église de S. Laurent, autel qui rappelle surtout le genre
des Minello.
Sur les statues du susdit Oratoire nous n’avons aucune indication; tou
tefois cet intéressant travail peut, à mon avis, être classé parmi les productions
de 1’ art et d’un maître, qui par le vérisme, l’énergique crudité à traiter cer
taines parties et l’impression générale, n’est pas très éloigné des manières de
certains sculpteurs de la Renaissance qui travaillèrent dans ce somptueux Musée
de l’art Lombardfqui s’appelle la Chartreuse de Pavie (v. fig. 44).
La gracieuse petite façade de la cour du palais épiscopal de Vicence
(v. pl. 113 fig. 2), dans laquelle les polyédriques supports de la galerie sem
blent dériver des constructions de Rizzo dans notre Palais des Doges déjà alors
si vanté, a été justement attribuée à maître Bernardino dit da Milano, qui en
date du 26 février 1495 recevait du Cardinal Zeno trois ducats à valoir sur
les soixante-cinq qui lui étaient assignés pour le travail de la loggia, et quatre
autres ducats pour la facture d’une porte destinée au même édifice, attestant
quod de cetera nihil habere debet usque ad praesentem diem (').
(*) Texte It., p. 159.