LA RENAISSANCE.
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» portions générales à 1’ exception de celles du frontispice arqué, lesquelles
» paraissent lourdes à cause des sphinx et des amours de grandeur démesurée
» qui tournant autour de ce dernier rapetissent toute la masse » ; cet écrivain
qui avec raison blâmait l’excessive minutie des détails et une certaine absence
de repos, devait certainement avoir un voile sur les yeux lorsque, pour dé
fendre l’opinion que c’était là le premier travail d’importance exécuté par
Pietro Lombardo, il écrivait que cette hypothèse grandit quand on en compare
les ornements avec ceux du chœur de S. Marie-des-Miracles, exécutés indubita
blement par Pietro, puisque de part et d’autre apparaît la même main. Ce qui n’est
pas absolument vrai, et même le résultat de la comparaison peut servir claire
ment à la preuve du contraire.
Relativement aux probabilités qui pourraient dériver d’un autre ordre
d’idées, je crois beaucoup plus rationnel de conclure que le Doge Moro et les
procurateurs de l’Eglise, étant donné l’importance de l’endroit que devaient
occuper ces travaux, en confièrent 1’ exécution ou pour mieux dire les sculptures
à Antonio Rizzo, c’est-à-dire à l’auteur de l’Adam et de 1’Ève destinés au
palais des Doges. Statues qui même avant d’être mises en place excitaient
l’admiration des écrivains qui saluaient en Rizzo le marmorario clarissimo et
nobilissimo ( 1 ).
Et le seul doute qui pourrait surgir à propos de ces autels, c’ est que le
dessin ou projet de leur architecture ait été fourni ou indiqué par quelque
autre maître qui, pour risquer une hypothèse, aurait pu, à mon avis, être Bellano
avec lequel Rizzo dans sa jeunesse dut avoir quelques rapports.
On ne connaît pas exactement l’époque de leur érection, toutefois je ne
crois pas m’écarter de la vérité en ne les supposant pas commandés avant
la fin de l’année 1464, c’est-à-dire quand le Doge Cristoforo Moro, au retour
de la convention d’Ancône, faisait don à la Basilique de Saint-Marc de sa
tenda di gioie afin que se ne trayi denari i quali sian messi in ornamento délia
detta chiesia, corne femo delle onorificentie offerte, in liiogo delle giostre, e feste, obbli-
gadi per la création nostra ( 2 ). C’ est ainsi que sous le bas-relief de la Vierge
avec l’Enfant, qui se trouve sur l’autel de la Chapelle de S. Clément, sculpté
par ordre du même prince ou encore grâce à ses libéralités, on voit gravée la
date de 1465 qui, à mon avis, est antérieure à celle de l’achèvement des
petits autels ( 3 ).
Relativement au tombeau de Giacomo Marcello (f 1485) et d’une ma
nière spéciale pour tout ce qui concerne l’encadrement, la composition générale
des lignes, la structure de la partie supérieure, le symbole ailé de l’immor
talité (éléments semblables, à ceux du monument Onigo de Trévise), et les trois
statues qui le surmontent, lesquelles soit pour la forme, soit pour la technique,
C 2 3 ) Texte It., p. 161,