58
SECONDE PARTIE
semblent surtout avoir des titres de parenté avec les porte-écussons du mau
solée Tron et avec d’autres travaux qu’ il faut attribuer à Rizzo, je suis d’avis
de ranger cette œuvre parmi celles de l’atelier de cet illustre maître ou
d’admettre qu’elle fut donnée en partie par lui ou par les commettants à
quelque autre sculpteur pour être exécutée ou terminée. En effet il devait avoir
grand besoin de réserver toute son activité pour les études complexes exigées
par le projet de la monumentale reconstruction du Palais des Doges que la
Seigneurie lui confiait, et précisément 1’ année même rappelée par les der
niers mots de l’inscription funèbre de Giacomo Marcello :
LVDOVICVS ET PETRVS FILII PIENTISS
POSVERE * MCCCCLXXXIIII.
J’ai encore quelque soupçon que dans ses dernières années Rizzo com
mença également le grandiose monument des princes Barbarigo dans l’Eglise
de la Charité, lequel demeura ensuite inachevé, et dont T autel fut orné de
bronzes ( v. pl. 114) et d’autres travaux que fit exécuter N. V. Vincenzo Gri-
mani, comme je le dirai mieux plus tard.
Pour 1’ élégance de la forme, pour le choix de la pose dégagée et la
manière de se dresser, pour la caractérisque amplitude du bassin et les join
tures des côtes, pour les traits et 1’ expression du visage, pour le costume,
pour le mouvement animé du manteau et enfin pour la vie que respire toute
la figure où l’on remarque encore la finesse de certains détails, j’attribue à
Rizzo ou à 1’ un de ses éléves, la statue du guerrier qui tient 1’ écusson de la
famille Civran (v. fig. jSJ à 1’ extérieur d’une maison sur la Place du Carminé.
Maison qui des Civran passa aux Guoro qui la reconstruisirent de 1502 à 1567 y
enchâssant de nouveau cette figure en souvenir de la parenté des deux familles.
Cette habitation que certains charlatans ont baptizée du nom de ccrsa dell’ Otello,
subit ensuite divers remaniements et des restaurations radicales économiques,
desquelles fut préservé heureusement ainsi que des amorose voglie dei nostri
antiquari cet important souvenir artistique de la fin du XV e siècle.
Je crois toutefois sorti du ciseau de Rizzo le beau buste en marbre de
Carlo Zeno qui est aujourd’hui au Musée Civique (v. fig. 39). Travail qui
laisse deviner clairement l’influence de 1’ art florentin du XV e siècle.
Il existe encore de la vie laborieuse de ce maître quelques autres souve
nirs et voici à ce propos tout ce qu’ il m’ a été possible de recueillir çà et là
dans les livres et dans les Archives.
Comme le rapporte 1’ Abbé Cadorin, il sculpta pour la ville de Rovigo
le symbolique lion de S. Marc, qui fut placé depuis sur une colonne exécutée
suivant le dessin de M. Sammichieli.