LA RENAISSANCE.
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nitien Pietro Delfino, et par ces extraits et surtout par la lecture de plusieurs
autres lettres importantes de P illustre religieux Camaldule publiées par Mar-
tène (*), on peut avoir une idée suffisamment explicite de la manière dont furent
poursuivis, au milieu de diverses péripéties économiques, les travaux de l’Église
et du monastère. Péripéties bien prévues de l’écrivain lorsqu’en 1469 il dé
tournait de cette entreprise le nouvel Abbé Pietro Donà (f 1479).
Je vais dire un mot des circonstances les plus intéressantes relatées dans
ces écrits.
En 1476 on s’occupait déjà de l’acquisition et de l’exécution de la char
pente qui, après l’hiver, devait l’année suivante servir pour la toiture de
1’ Église.
En 1477 il est encore question des bois, du choix des marbres, des navires,
chargées de cette pierre d’Istrie dont on se sert si largement même aujourd’hui,
et de pierres noires véronaises; il s’ agit en outre d’achats de briques, de tuiles,
de chaux, de cordes végétales, etc. etc, Cependant tandis que les créanciers
renouvelaient leurs instances, les débiteurs devenaient de plus en plus insol
vables; de là des plaintes continuelles et des demandes réitérées de nouveaux
secours : alioquin, est-il-dit, fabri nostri et artifices templi, sua fraudati mercede,
imperfectum opus relicturi sunt, nostro quidem et damno et dedecore, de quibus di
cetur : Coeperunt isti aedificare, et non potuerunt consummare.
Malheureusement tous né répondaient pas ; même ceux sur lesquels repo
saient les meilleures espérances souvent faisaient la sourde oreille, de sorte
que les commissaires chargés de recueillir les fonds s’ en revenaient fréquemment
les mains vides et à S. Michel on allait jusqu’ à dire que Procuratores S. Marci
ita nos abhorrent quasi excommunicato s.
Malgré cette gêne, les préposés s’évertuaient à cacher leur découragement
et on écrivait : Verum e diverso ita me recreat templi nostri aedificatio, quorum pa
rietes excrescunt in dies summa venustate, ac omnium admiratione, ut minus gravari
videar, tam nobilis fabricae delectatione captus.
Mais bientôt retentissait de plus belle un nouvel appel de fonds.
Toutefois au milieu de ces alternatives 1’ édifice revêtait chaque jour un
éclat plus considérable, si bien que Pietro Delfino dans une lettre adressée en
septembre 1477 à Pietro Donà qui se trouvait à Ravenne, pouvait lui dire sur
le ton de 1’ enthousiasme: Veni igitur ut videas magnum quid et singulare, totiusque
non solum nostrae religionis, verum etiam hujus civitatis decus et ornamentum. Templum,
inquam, tuum, quod te auctore mirifice constructum (procul revera abest assentatio )
et te et monasterium nobilitavit. Divi Marci aedem absque contradictione excipio, re
liquis vero omnibus facile hanc nostram anteposuerim. Cujus pars jam absoluta atque
perfecta tanta nitet venustate, ut omnium transeuntium ac praeter navigantium lumina
(') Texte It., p. 16,.