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SECONDE PARTIE
en travers des voûtes arrondies qui précèdent les coupolines aveugles dans les
chapelles latérales sont relativement un peu lourds.
Ce sont là du reste de petites taches qu’ on oublie vite parce que 1’ obser
vateur même le plus sévère se sent bientôt récompensé et au centuple par les
élégantes décorations distribuées avec une judicieuse parcimonie sur les diffé
rentes parties architectoniques.
Moschini a écrit que le tailleur de pierres Taddeo fit les six grandes co
lonnes, et l’on pourrait croire par conséquent qu’ il ne voulut pas séparer de
celles-ci les chapiteaux. Chapiteaux importants tant pour la variété des orne
ments (uniquement limitée par le sage concept de relier symétriquement les
décorations des deux files de colonnes ) que pour 1’ excellence de l’exécution.
Comme je l’ai déjà dit dans le premier volume, l’une des particularités
identiques existant entre 1’ Eglise de S. Michel et la charmante abside intérieure,
que 1’ on préparait justement alors dans le Temple de S. Zacharie, est la subdi
vision du vase ou campane des chapiteaux en deux parties distinctes (v. Partie I
pl. 29 et P. II pl. 64 fig. t ). Particularité qui cependant n’ est pas toujours
agréable à cause de la trop grande différence des parties, ainsi par exemple
dans ceux décorés avec cannelures ou stries en spirale (v. Partie I pl. 26 fig.
2 et P. 11 fig. 48). Une autre spécialité commune à ces travaux est en outre
celle des feuillages descendant le long du dos des volutes.
Si à ces ressemblances on ajoute encore celles des autres détails, petites
têtes de chérubins, petits festons de perles, fleurs sortant des volutes, feuillages
du même type, et si jusqu’ entre la facture des uns et des autres il n’ y a aucune
autre différence que celle qui peut dépendre de la diversité des matériaux, on
ne peut, je le répète, refuser à ces décorations une paternité identique.
Et cependant jamais un sculpteur du nom de Taddeo n’ a travaillé à S. Za
charie, et les chapiteaux de l’abside sont dus aux maîtres Luca, Giovanni
Buora et Domenico dit il Duca.
Il n’ y aurait plus qu’ à conclure que maître Taddeo se servit de quel
ques-uns des sculpteurs ou ornemanistes de S. Zacharie; chose, à mon avis,
plus que vraisemblable.
Parmi les tailleurs de pierres cités par Moschini figure un Domenico ;
mais à défaut d’autres indications je ne pourrais établir en aucune façon s’il
s’ agit ici du susdit Domenico Duca, d’un certain Domenico di Pietro de Carona
qui en 1470 demeurait à Venise ( l ), de Domenico de Salomon de Znane, taiapiera
dito mono ( 2 ) lequel à partir de 1474 travailla à S. Zacharie pendant plusieurs
années, ou de ce Domenico qui avec ses frères Antonio et Giacomo fut au
service des Procurateurs de S. Marc ( 3 ) et qui en 1491 sculptait la jolie frise
sur la porte de l’Eglise des Ss. Philippe-et-Jacques (v. fig. 49); ou encore s’il
(i 2 3) Tex t e it. } p . 167.