LA RENAISSANCE.
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Clocher de notre Cathédrale, en 1483 il était nommé protomaestro de la nou
velle Eglise de S. Zacharie et à partir de cette époque on lui confia plusieurs
travaux et emplois de grande importance ; ainsi, à mon avis, ou il ne put
s’ occuper davantage des constructions de S. Michel de Murano, ou celles-ci
n’ étaient pas arrivées à un point tel qu’ elles exigeassent toujours sa présence
sur les lieux mêmes; chose digne d’attention car elle correspond à l’état où
se trouvait parvenue la construction en 1477, même à 1’ extérieur, comme cela
ressort parfaitement de la description faite par Pietro Delfino à l’Abbé Donà,
et que j’ ai rapportée à dessein ci-dessus.
L’ intrados de chaque arceau de la façade de la cloison est décoré, à
proximité de l’imposte, de petites têtes humaines en bas-relief tournées de
différentes manières. Assurément la plus grande partie de ces sculptures sont
des travaux d’imagination ( v. PI. 67 fig. 1 et 2); mais une ou peut-être d’eux
d’entre elles rappellent très probablement des personnages qui avaient bien
mérité du monastère; et si jamais on parvenait à identifier les traits du visage,
assurément un portrait, dans le dernier arceau à gauche, avec ceux de Pietro
Delfino nommé Général de 1’ Ordre en 1480, on pourrait peut-être en conclure
et tenir pour certain que cette année les décorations de la façade du Chœur
n’ étaient pas encore entièrement terminées.
11 me semble au contraire bien plus facile de retrouver le pourquoi ou
encore 1’ allusion de la petite tête juvénile avec cheveux touffus et le profil
de maure, qu’ on voit dans le pied de l’archivolte à 1’ autre extrémité de la
même façade. Petite tête sculptée et mise à cette place comme signature ou
trait final de l’architecte d’un si admirable monument.
Outre la divergence considérable de l’ordonnance architectonique, on
trouve d’autres différences notables entre les deux façades du Chœur, provenant
de 1’ emploi de divers exécuteurs tant par rapport au choix des formes et à la
manière de combiner entre eux les ornements, que par rapport à la facture
même des divers ornements. Et cette divergence paraît plus entièrement» évi
dente dans la galerie dont les pilastres n’ont aucun rapport avec les autres
ornementations de ce Temple.
Dans la même façade je remarque encore, quoique à un degré moins
sensible, une différence de ciseaux entre les bandes verticales des parastes et
les décors des piédestaux. Par contre l’impression que produisent toutes les
fines décorations des arches tournées vers T entrée est celle d’une œuvre sortie
toute d’un jet d’un des meilleurs ateliers de notre Renaissance. Et de même
relativement au grogressif développement esthétique de l’architecture de cette
époque, la parfaite harmonie des rapports qui règne entre les différentes parties
de cette gracieuse façade, fait soupçonner tout naturellement qu’ elle fut exé
cutée lorsque l’autre était depuis quelque temps en cours de travail; et cela