LA RENAISSANCE.
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servir de galerie des chantres et de chaires à prêcher et pour isoler les reli
gieux du public.
Dans le premier volume (page 134), à propos des différentes formes de
Chœurs, j’ ai dit qu’ on les construisait aussi parfois en bois, comme on peut
le voir aux Galeries Royales dans le tableau attribué à Vittore Carpaccio qui
représente l’intérieur de l’Eglise de S. Antoine Abbé, dans le quartier du
Castello. Cet ancien Chœur en bois formé d’un portique avec autels supportant
une espèce de plancher à galerie, fut démoli dans les premières années du XVI e
sîecle pour faire place à un bario en marbre qui, suivant le contrat passé le 23
novembre 1504, devait être exécuté par maître Bernardino Quatrin, tailleur
de pierres, qui avait déjà exécuté d’autres travaux dans le cloître de ce couvent.
Mais quelques semaines après et pour préciser, le 7 Janvier 1505, cette
œuvre était au contraire confiée à 1’ architecte et sculpteur Sebastiano de Lugano
sur la base d’un modèle et d’un dessin que j’ ai eu le bonheur de retrouver
dans les papiers du monastère (v. fig. 70).
Comme cela ressort du contrat annexé (}), des deux types reproduits dans
le projet on donna la préférence à celui avec arches lesquelles devaient être
répétées sur les deux façades, avec la seule variante que el po%o verso lo altare
grande devait être tout straforado ou mis à jour.
Outre la distribution, les proportions et mesures des différentes parties,
outre les profils et les sculptures qui devaient être exécutés par le même maître,
il est encore question des marmori porfidi et altre pietre da inchassar ne li campi
et triangoli.
Et il n’ est pas besoin de se donner beaucoup de peine pour retrouver
le vrai modèle du dessin présenté aux religieux de S. Antoine par Sebastiano;
maître luganais qui ne travailla jamais, que je sache, avec Moro.
Les deux demi-figures de Saints, sculptures assez réussies, placées sur les
petits portiques qui conduisent à la galerie des chantres de S. Michel, étaient
autrefois sur l’autel de la Chapelle de S. Romuald. Et le maître-autel qui à
1’ origine avait une ancône peinte, fut, lui aussi, démoli en 1686 par le tailleur
de pierres Santo Trognon, lequel, avec le sculpteur Paolo Callalo, y amoncela
le fatras baroque qu’ on y voit aujourd’ hui.
Etudions maintenant l’intérieur du Temple.
Des absides qui suivent la forme curviligne intérieure et qui répètent sans
doute le mouvement de 1’ Eglise primitive, des côtés sur lesquels court une
corniche ornée de 1’ un de ces bâtons à mailles de chaîne si souvent employés
dans les décorations architectoniques de notre Renaissance et qui sont répétés
également sur quelques chapiteaux de P intérieur (v fig. 48) et dans le grand
O Texte It., p. 169.