■VIBRATIOIVS des CORPS, etc.
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CHAPITRE VIII.
Vibrations des Corps rigides ou flexibles, agités
dans toutes leurs dimensions.
L es vibrations des cordes et des verges droites sont les seules,
parmi celles des corps rigides, que l’on ait pu jusqu’à présent,
soumettre au calcul de manière à en tirer les lois des mouve-
mens et les rapports des sons ; c’est pourquoi nous les avons
expliquées en détail. Pour les autres cas où les corps doivent
être considérés avec toutes leurs dimensions, l’expérience seule
peut nous guider, et elle a fait connaître un petit nombre de
résultats généraux que nous allons rapporter ici.
Généralement , lorsqu’un corps vibre, il se partage en un
certain nombre de parties qui exécutent leurs vibrations sépa
rément , sans s’empêcher les unes les autres , et qui sont douées
à chaque instant de mouvemens alternatifs : de là il résulte que
les points par lesquels ces parties se joignent, ne participent
ni au mouvement de l’une ni au mouvement de l’autre, et res
tent par conséquent immobiles ; ce que l’on peut rendre sen
sible pour les surfaces horizontales , en y versant du sable très-
fin et sec, qui s’accumule dans les lignes noclales. Ce moyen très-
ingénieux a été imaginé par Galilée , comme on le peut voir dans
ses dialogues. La possibilité de cette division et de cette alter
native de mouvement paraît être la condition essentielle de
laquelle dépendent toutes les manières de vibrer que chaque
corps peut admettre , selon les circonstances initiales où on le
place ; et si on ne peut les prévoir d’avance, du moins lorsqu’on
les a une fois produites, on peut les reproduire encore en pla
çant des obstacles légers sur les lignes nodales , et passant un
archet sur une des parties qui doivent entrer en vibration.
Mais, malgré ces précautions , on est quelquefois trompé dans
son attente , parce que les mêmes portions de lignes nodales
peuvent appartenir à plusieurs modes de vibrations différens;