Full text: Traité De Physique Expérimentale Et Mathématique (Tome Second)

3 PRODUCTION ET PROPAGATION 
ces dilatations et contractions se succèdent avec assez de ra 
pidité , elles excitent dans l’organe de l’ouïe la sensation de 
ce que l’on appelle un son, et la rapidité plus ou moins 
grande de leur succession forme toute la différence des tons 
aigus ou graves par lesquels les sons se distinguent les uns des 
autres. Conformément à la marche que nous avons toujours 
suivie dans le cours de cet ouvrage, nous allons établir d’une 
manière expérimentale les différentes propriétés que nous venons 
d’énoncer, quoiqu’à dire le vrai, la plupart d’entre elles soient 
déjà des conséquences nécessaires de ce que nous avons trouvé 
par l’expérience sur les vibrations des corps élastiques et sur la 
nature physique de l’air. 
D’abord, il est bien facile de prouver qu’en effet les corps 
solides , lorsqu’ils sont ébranlés de manière à produire un son 
distinct, vibrent avec beaucoup de rapidité; car si on les touche 
alors légèrement avec le doigt ou avec le tranchant d’une petite 
lame métallique, on sent très-distinctement une multitude de 
pulsations ou de battemens qui se succèdent avec une extrême 
rapidité. Par exemple , l’on peut faire aisément cette épreuve 
sur une cloche que l’on vient de frapper, ou sur une corde 
métallique tendue que l’on a pincée de manière à produire 
un son. 
Pour prouver que le son est réellement l’effet de ces vibra 
tions portées à un certain degré de rapidité, il n’y a qu’à d’abord 
les rendre très-lentes, comme on peut le faire en prenant pour 
corps élastique une lame d’acier très-longue, fixée horizonta 
lement dans un étau par une de ses extrémités; car si l’on écarte 
l'extrémité libre de cette lame de la situation horizontale, et 
qu’on l’abandonne ensuite à elle-même, elle y reviendra par une 
suite d’oscillations qui, en supposant la lame suffisamment 
longue , pourront être assez lentes pour être comptées ; mais 
alors il ne se produira aucun son distinct. Supposons que la 
longueur de la lame soit telle qu’elle fasse précisément quatre 
vibrations par seconde de temps; alors, en diminuant cette lon 
gueur , et. recommençant l’expérience, les vibrations deviendront 
plus rapides, et si rapides que l’on ne pourra plus les compter
	        
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