DES INSTItUMENS A VENT. 169
avoir d’autre manière que de faire varier la longueur de la lan
guette. C’est aussi ce que fait le musicien par la pression de ses
lèvres ; mais alors il faut encore pouvoir varier la longueur du
tuyau par lequel l’air s’échappe, afin de le mettre en harmonie
avec l’anche. C’est à quoi servent des trous latéraux percés dans
le tuyau à diverses distances, et que l’on ouvre ou que l’on
ferme avec les doigts. L’accord que l’on établit ainsi entre le
tuyau et l’anche , donne en outre plus de facilité pour amener
l’anche à donner le son qu’on en exige. Cette influence est d’au
tant plus grande, que le tuyau est plus étroit par rapport à la
force de l’anche ; elle est très-peu sensible dans les gros tubes des
orgues, où les anches vibrent presque comme dans l’air libre ; mais
dans les clarinettes et dans les autres instrumens à anches , dont
le tube est fort étroit, elle est telle que l’anche ne pourrait pas
vibrer, si le tuyau n’était pas amené à son ton , ou du moins elle
vibrerait de manière à ne rendre qu’un son très-sourd.
Pour voir réellement ce qui se passe dans cette circonstance ,
nous avons , M. Hamel et moi, adapté une anche à un tuyau de
verre, de manière qu’on pût la voir vibrer. Le vent était donné
avec une force conslante, mais on pouvait graduellement faire
marcher la rasette de manière à raccourcir à volonté la portion
de la languette mise en vibration. On a d’abord laissé vibrer
cette languette toute entière , et l’on a ainsi obtenu le plus grave
des sons qu’elle pût donner. Ensuite le ton a monté progressi
vement et sans interruption, à mesure que l’on a poussé la
rasette. Mais il y a eu dans l’intensité du son une particularité
fort remarquable ; c’est qu’à une certaine époque elle a com
mencé à s’affaiblir considérablement, et enfin elle est devenue
si faible, qu’il n’a plus été possible de distinguer aucun son.
Alors , en regardant la languette de profil à travers les parois
du tuya t u de verre où elle était renfermée, il était facile de voir
que ses vibrations étaient toujours très-rapides ; mais leurs
excursions s’opéraient uniquement dans l’air, et elles n’allaient
plus battre contre la rigole, qui, conséquemment, ne se trou
vait plus tour à tour ouverte et fermée. Cet état se maintint
aussi long- temps que la rasette fut maintenue à la même place :