DES INSTRUMENS A VENT.
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galité, le moindre corps étranger qui se glisserait entre la lan
guette et les bords de la rigole , suffirait pour permettre con
stamment le passage de l’air, et l’anche ne parlerait pas. Avec
toutes ces précautions on parvient à ôter aux tuyaux d’anches
une partie de leur rudesse, mais on n’en obtient jamais des
sons doux et Hâtés.
Parmi les jeux d’anches de l’orgue , le plus singulier, et celui
qui mérite surtout d’attirer les regards du physicien, c’est celui
qui imite la voix humaine. Il est composé de plusieurs tuyaux
très-courts , tous de dimensions et de longueurs presque égales,
dont les anches seules sont montées sur des tons différens. C’est
ainsi que des voix très-différentes peuvent sortir de plusieurs
bouches à peu près égales en grandeur. En effet, le tuyau figure
la boucbe , l’anche tient lieu de l’organe vocal placé à son ori
gine -, l’effet des lèvres est imité par un recouvrement circulaire
qui ferme à moitié l’extrémité ouverte des tuyaux. Ce jeu,
lorsqu’il est bien exécuté , imite la voix humaine d’une manière
surprenante ; mais cette voix est toujours criarde, et son timbre
a ce caractère particulier et désagréable que l’on désigne com
munément par l’expression parler du nez. Comme l’opinion
populaire attribue ce défaut à ce que le nez est bouché, et ne
laisse plus passer d’air, quelques organistes ont cru y remédier
en perçant dans le tuyau vocal , à peu de distance de son ori
fice , deux petits trous ronds, pour représenter les ouvertures
nasales ; mais le ton seul a été modifié par-là , et le timbre est
resté le même ; c’est qu’en effet, comme nous le verrons par la
suite, la cause qui fait parler du nez est précisément l’inverse
de ce que l’opinion vulgaire suppose. Lorsque la voix a son
vrai timbre , l’air sort uniquement par la bouche, car l’entrée
des fosses nasales lui est interdite par une soupape ,qui est alors
fermée ; mais lorsque cette soupape se lève, l’air sort à la foisr
par les deux routes, et la voix prend le timbre nasillard.
Je viens de faire connaître les anches telles qu’on les emploie
d’ordinaire ; mais je suis assez heureux pour pouvoir joindre à
ces notions l’exposé de plusieurs perfectionnemens remarquables
introduits dans leur construction par M. Grenié, habile ama
teur de musique, qui, à l’aide d’une modification aussi simple
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