DES CORPS. jSS
sera toujours un excellent violon, et le nouveau pourra être
fort médiocre, ou même fort mauvais.
On a une grande preuve de l’effet de ces vibrations commu
niquées , même à travers les substances les plus rigides, dans
le bruit prodigieux de l’instrument chinois connu sous le nom
de tamtarn, et qui est aujourd’hui employé dans nos or
chestres. C’est une sorte de grande cymbale, qui se suspend
librement à une corde par un de ses bords. Elle est faite avec un
alliage de 0,20 d’étain, et 0,78 de cuivre, qui, d’après une
découverte très-curieuse de M. Darcet, lorsqu’il est trempé, est
ductile et malléable , de manière à pouvoir être travaillé aisé
ment, mais qui devient dur, élastique et cassant, lorsqu’on
le laisse refroidir lentement dans l’air. On travaille d’abord le
métal dans le premier de ces deux états; puis , quand l’instru
ment a la forme requise, on lui donne la dureté et l’élasticité.
Pour le faire vibrer, on le frappe sur les bords, non pas
avec un corps dur, ce qui le briserait comme du verre, mais
avec un gros tampon de peau attaché au bout d’un bâton. Le
son n’est pas cl’abord très-intense ; il paraît que les anneaux, sur
lesquels on frappe , entrent les premiers en vibration ; bientôt
le mouvement se communique à tout le reste de la masse,
et il en résulte un bruit épouvantable.
L’air lui-même, malgré son peu de masse , devient capable
de communiquer ainsi ses propres vibrations, lorsqu’il est en
contact avec des corps susceptibles de les admettre et de les
exécuter avec lui. Nous avons rapporté à ce genre de commu
nications le frémissement des cordes tendues, près desquelles
on fait vibrer une autre corde dont elles puissent suivre les
oscillations, soit en vibrant tout entières, soit en se divisant
d’elles-mêmes en parties aliquotes. L’orgue produit aussi des
effets pareils, mais bien plus intenses, sur les corps élastiques
qui offrent de larges surfaces aux ondulations de l’air. Si l’on
place un de ces instrumens dans une chambre, il arrive pres
que toujours que quelques-uns de ses tuyaux sont en harmonie
avec une ou plusieurs vitres des fenêtres, ou même, parfois,
avec la fenêtre entière. Aloi’s la fenêtre frémit et résonne dès