DES CORPS.
et dont la résonnance fortifiait le son au point de le rendre
partout sensible et distinct. Vitruve atteste ce fait, et explique
la manière dont les vases étaient placés. Mais il est impossible
de concevoir comment il en pouvait résulter un pareil effet.
En général, nos connaissances sont très peu avancées pour tout
ce qui concerne l’intensité des sons ; et il est fort à désirer que
cette partie, encore toute neuve de la physique, soit étudiée
et développée par quelque habile expérimentateur.
Il y a encore une autre espèce de résonnance qui tient en.
quelque sorte à la nature de notre organe , et qui consiste dans
3a rondeur et l’éclat qu’un son acquiert lorsqu’il est soutenu
par son octave ou sa quinte. Je ne veux pas parler ici du son
résultant qui se produit toujours dans un pareil concours de
deux sons, et qui naturellement doit contribuer à les faire
mieux sentir; il s’agit de phénomènes beaucoup plus frappans.
Par exemple, si l’on a , dans un tuyau convenable, une anche
libre qui sonne le seize -pieds ouverts , et qu’on la fasse vibrer
seule, on entendra un son grave , mais sourd , qui formera
presque l’extrême de ceux que nous pouvons apprécier : mais
mettez à côté de cette anche l’octave au-dessus, qui a cepen
dant elle-même un ton encore très-grave , et faites-les résonner
ensemble, vous obtiendrez, avec la même gravité, une force,
une rondeur et un éclat qui vous surprendront. Aussi, dans
les jeux d’orgues, ces tuyaux si graves, comme le seize-pieds
et le trente-deux pieds , ne s’emploient jamais seuls; car à peine
on pourrait les entendre. Us y sont toujours accompagnés de
leurs accords supérieurs. Ceci peut tenir, au moins en partie , à
un fait que M. Hamel a découvert, et dont il m’a rendu témoin ;
c’est que , lorsque plusieurs sons vibrent en même temps ,
outre le son résultant grave qui peut se calculer par la
théorie , on entend encore d’autres sons plus élevés, qui for
ment avec les premiers une série ascendante ; de sorte qu’ils
sont surtout sensibles dans les basses, où les premiers se
perdent, et qu’ils se perdent dans les tons élevés, où les pre
miers acquièrent le plus d’énergie.