Full text: Traité De Physique Expérimentale Et Mathématique (Tome Second)

ET DE LA VOIX. j^3 
les sons, avait de l’influence sur leur timbre et sur la facilité 
plus ou moins grande de les produire. Tel sera donc, dans 
l’homme, l’effet de la bouche et du conduit guttural. Ainsi, un 
trou percé dans cette partie du canal n’empêchera pas la voix 
de se produire, et en changera seulement le timbre ; c’est aussi 
ce que l’on observe sur les individus auxquels il a été fait na 
turellement ou artificiellement quelque ouverture au-dessus 
du larynx. Même on peut, sans aucune opération , en avoir 
une preuve frappante. En effet, il existe au fond de la bouche 
un trou pareil qui communique dans les fosses nasales, de 
là à l’air extérieur, et qui peut être ouvert ou fermé à volonté 
par une soupape membraneuse, que l’on appelle le voile du 
palais. Dans la production habituelle de la voix , cette soupape 
s’applique sur le trou, et le ferme ; de sorte que l’air sort seu 
lement par la bouche. Mais, en faisant un léger effort pour 
pousser l’air dans les fosses nasales, on empêche l’application 
de la membrane , le trou reste ouvert, et le son sort par le nez 
et par la bouche à la fois. C’est ce que l’on appelle parler du 
nez. Or, tout le monde sait que, dans ce cas, la voix acquiert 
un timbre particulier, et entièrement différent de son timbre 
ordinaire. 
Au contraire, si vous faites un trou dans le porte-vent d’une 
anche , le vent sortira par ce trou ; et en le supposant suffi 
samment large , l’anche ne parlera pas. C’est aussi ce qui arrive 
aux personnes chez lesquelles il survient, au-dessous du larynx, 
une ouverture fistuleuse. Elles ne peuvent parler qu’après 
avoir bouché ce trou. M. Magendie a eu sous les yeux un indi 
vidu qui se trouvait dans ce cas, et qui était contraint de 
porter habituellement autour du col une cravatte serrée pour 
pouvoir parler. 
L’allongement et le raccourcissement dont la trachée-artère 
est susceptible peuvent, quoique très-limités, servir aussi à varier 
les tons , surtout dans les cas extrêmes où l’influence de l’épi 
glotte ne serait peut-être plus suffisante ; car, dans les anehes , 
M. Grenié a reconnu que la longueur du porte-vent avait 
une influence analogue. Remarquons toutefois que cette 
Tome II. i3
	        
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