PRODUCTION' ET PROPAGATION
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éprouvent par l’agitation d’un corps sonore , il s’en faut beau
coup qu’elles s'approchent les unes des autres jusqu’au contact.
Car elles sont encore fort éloignées d’y parvenir, même quand
on les comprime par une pression de 3o atmosphères , comme
nous l’avons éprouvé , Deîaroche et moi, en faisant descendre
dans la mer, à de grandes profondeurs et sur le mercure,
des mélanges gazeux susceptibles d’entrer en combinaison.
Quoiqu’ils fussent ainsi réduits à un volume 3o fois moindre
que celui qu’ils occupaient à la surface de la terre , ils ne se sont
pas combinés pour cela, et pourtant ils auraient dû se com
biner, si leurs particules s’étaient rapprochées, je ne dis pas
seulement jusqu’au contact, mais jusqu’à une distance telle que
leur attraction réciproque pût devenir sensible. A plus forte
raison ne pourrait-on pas supposer un choc mutuel des par
ticules pendant les condensations et les raréfactions infiniment
petites qui produisent le son ; ce que l’explication de Newton
semblerait néanmoins exiger.
On ne serait pas mieux fondé à supposer quelque erreur dans
les lois de la dilatation de l’air ou dans l’évaluation de sa den
sité. La valeur de la dilatation donnée par MM. Gay-Lussac et
Dalton est d’une exactitude qui ne peut être révoquée en doute;
et l’évaluation de la densité de l’air, déduite des expériences
que j’ai faites avec M. Arago , ne me paraît pas non plus sus
ceptible d’incertitude.
Mais on pourrait être tenté d’attribuer l’erreur de la formule
à l’existence de la vapeur aqueuse dans l’atmosphère. Pour
apprécier l’influence de cette cause, prenons-la dans un cas
extrême. Supposons qu’il y ait dans l’air toute l’eau qui peut y
exister en vapeur à la température de 3o degrés ; c’est là un
degré de saturation qui ne se rencontre jamais naturellement.
Dans ce cas , la tension de la vapeur serait de 3i millimètres,
d’après les expériences de Dalton. En la désignant par T, et
nommant toujours p la pression barométrique, la densité de
l’atmosphère humide sera la même que celle d’un air sec qui
soutiendrait la pression
—T+ifT ou p— {T;