00 2 THÉORIE DE lÉAPPAREIL ÉLECTROMOTEUR
électrique de l’appareil électromoteur, comme uniquement
composée des quantités d’électricité libres qui se développent
sur chacun de ses élémens. C’était l’opinion de Yolta ; mais il
pourrait y exister en même-temps une très-grande quantité
d’électricité dissimulée ; et comme cette considération change
rait beaucoup la manière dont l’action de la pile devrait être
envisagée, je vais l’exposer ici.
Reprenons d’abord les expériences fondamentales de Volta
sur le développement de l’électricité par le simple contact de
deux métaux isolés; que nous montrent-elles ? Qu’il se mani
feste alors sur chacun d’eux une certaine quantité d’électricité
libre et de nature opposée. Mais s’en suit-il pour cela que ces
quantités soient les seules qui se développent réellement ? Non
sans doute ; et la décomposition des électricités naturelles des
deux plaques, pendant le contact, pourrait être énorme sans
produire d’autres indices extérieurs que ceux que nous avons
observés. C’est ainsi que les deux faces d’un carreau de verre
armé de métal peuvent être chargées de quantités d’électricité
fort considérables, quoique les portions de ces électricités qui
jouissent de leur force répulsive sur l’une et l’autre face soient
néanmoins très-petites.
Dans cette manière de voir, deux disques de zinc et de cuivre
mis en contact ressembleraient exactement à un pareil carreau,
après qu’on l’a isolé, et lorsque l’action absorbante de l’air
a égalisé les forces répulsives de ses deux faces. Seulement la
lame isolante de verre serait remplacée par les forces élec
tromotrices qui retiendraient les deux électricités, de part et
d’autre de la surface du contact. Alors l’élèctroscope et la ba
lance ne rendraient sensibles que les portions d’électricité qui
seraient libres des deux côtés de cette surface ; et les quantités
totales d’électricités dissimulées ne se manifesteraient qu’à
l’instant où l’on établirait une communication directe entre
les disques, de même que dans la bouteille de Leyde ou le
carreau électrisé.
L’appareil électromoteur deviendrait ainsi tout-à-falt ana
logue aux piles électriques que nous avons considérées dans le