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DE l’aPPAREÎL ÉLECTEOMOTEÜR.
batterie, et en général toutes celles qui ont de grandes sur
faces, ne sont pas construites en pile, parce que le poids des
disques rendrait leur manutention impraticable, et ferait ruis
seler l’eau tout le long de la colonne, ce qui en détruirait les
effets. Les plaques sont disposées verticalement, et parallèle
ment les unes aux autres, dans des caisses horizontales de bois,
dont l’intérieur est recouvert d’un enduit isolant. Celles qui
composent un même élément sont soudées ensemble. L’appa
reil se trouve ainsi former un certain nombre d’auges que
l’on remplit avec le liquide qui doit servir de conducteur
humide. Nous verrons dans le chapitre suivant, quel est le
meilleur choix à faire pour la nature de ce conducteur , selon
les effets qu’on veut produire. On conçoit d’ailleurs qu’il faut
prendre beaucoup de précautions pour empêcher que les parois
des auges ne conduisent immédiatement l’électricité d’une
plaque à une autre , circonstance qui affaiblirait considérable
ment l’action de l’appareil. Enfin l’on établit la communica
tion entre les deux pôles, comme dans la pile ordinaire, par de
gros fils métalliques soudés aux plaques extrêmes. La batterie
de l’Ecole polytechnique, ainsi disposée, donne des commo
tions insupportables, et même dangereuses à recevoir, lors
qu’on a les mains mouillées avec un acide ou une dissolution
saline, et qu’on touche les pôles de la pile par des cylindres
métalliques. M. Gay-Lussac, qui a osé l’essayer, s’en est res
senti pendant plus de vingt-quatre heures , et a éprouvé pen
dant tout ce temps une grande faiblesse dans les bras. Cepen
dant, chose fort extraordinaire , cette commotion si forte ne se
fait point sentir au milieu d’une chaîne composée de quatre ou
cinq personnes. On ne la ressent qu’aux extrémités de cette
chaîne , et même beaucoup plus dans le bras et la partie du
corps qui avoisine la pile, que dans le bras et l’autre partie du
corps qui en sont plus éloignés ; ce qui semble bien montrer que
la commotion est le résultat de la combinaison subite des élec
tricités de la pile, avec les électricités naturelles des corps qui la
touchent. L’affaiblissement rapide de cette commotion, à mesure
qu’elle se propage, est rncore une conséquence nécessaire du peu
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