BE LA LUMIÈRE.
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nète , nous les voyons encore au-dehors, parce que la sensation
que nous en avons est due à leur présence antérieure dans 1*
lieu de leur orbite où ils se trouvaient quelques momens aupa
ravant ; et de même au moment où ils nous semblent dispa
raître , ils ont en effet déjà depuis long—temps disparu. Ainsi la
communication résultante de leur présence en un lieu continue
de se propager et de se transmettre, même après qu’ils l’ont déjà
quitté. 11 faut donc que cette communication se fasse, ou par
des pulsations à travers un fluide élastique qui les transmette
depuis les corps lumineux jusqu’à nous, comme le son se transmet
dans l’air, ou par une émanation réelle de corpuscules matériels
lancés par les corps lumineux. Dans tous les cas, puisque la
sensation de la vision s’opère à travers la masse même de cer
tains corps que l’on nomme transparais ou diaphanes, il faudra
que les pulsations du fluide élastique continuent de se propager
à travers les pores de ces substances , ou que les corpuscules
lumineux continuent à s’y mouvoir, et puissent même les tra
verser.
Chacune de ces opinions a ses partisans. Ceux qui penchent
pour l’idée d’un fluide élastique , allèguent la facilité que cette
conception donne pour la transmission rapide. Ils regardent
comme improbable une émanation réelle de corpuscules doués
d’une vitesse pareille à celles que les molécules de la lumière
devraient avoir, et qui devraient être en même temps d’une
ténuité telle, qu’ils pussent aisément traverser les corps trans-
parens. Sur cela, c’est aux phénomènes à nous instruire; car
il n’y a rien en soi de lent ou de rapide , non plus que de grand
ou de petit. La vitesse d’un boulet de canon nous paraît si
rapide, que nos yeux ne peuvent la suivre; pourtant elle est
très-lente, comparativement à la vitesse de rotation de la terre ;
celle-ci à son tour est très-lente par rapport à celle du mouve
ment annuel, et enfin cette dernière est beaucoup moindre que
la vitesse de transmission de la lumière. Il est sans doute
plus difficile pour nous d’imprimer à un corps une grande vitesse
qu’une petite, parce que nos forces sont limitées ; mais qu’y
a-t-il de commun et de comparable entre cette limitation et