CONSIDÉRATIONS GENERALES. 14g
l’étendue ou l’espèce des forces qui agissent dans la nature ?
Rien, absolument rien. Maintenant, si l’on met à part ce pré
jugé, et si l’on consulte les phénomènes, on verra que tous se
passent d’une manière exactement conforme à l’idée des émana
tions. Lorsque la lumière traverse les corps diaphanes, sa
marche y est précisément telle qu’elle devrait être, si elle était
composée de corpuscules attirables par les molécules du corps.
Si l’on observe ses mouvemens dans des substances gazeuses ou
liquides de nature diverse, et qu’ensuite on mêle ces substances
que nous supposerons telles, qu’elles n’aient point d’action chi
mique l’une sur l’autre, le mouvement de la lumière à travers le
mélange peut encore se calculer d’après les lois des attractions
des substances composantes précédemment connues ; et le
résultat de ce calcul est exactement conforme à l’observation.
Qui peut dire comment devraient se composer alors des ondula
tions ? et sans pouvoir le dire, ne voit-on pas qu’elles se com
poseraient suivant des lois excessivement compliquées? Enfin
d’autres phénomènes montrent que les rayons lumineux peuvent
être modifiés et préparés de manière que leurs differens côtés
présentent des propriétés physiques diverses ; ce qui peut très-
bien convenir à une série de particules, mais nullement à une
série de pulsations ; et par le développement de ces propriétés ,
on est parvenu à y reconnaître encore d’autres modifications
telles que seraient des mouvemens de ces particules autour de
leur centre de gravité. L’ensemble de ces phénomènes semble
donc mettre aujourd’hui hors de doute le système de l’émana
tion , si l’on peut appeler système ce qui est une conséquence si
naturelle des faits, et ce qui sert à les reproduire avec tant
d’exactitude et de facilité.
Jusqu’ici nous avons considéré la vision comme propagée de
l’objet à l’œil ; mais ce n’est pas à la surface extérieure de cet
organe que la sensation s’opère; c’est dans son intérieur, et à
ce que l’on croit, sur une membrane blanche qui en tapisse le
fond, et qui se nomme la rétine. En effet, lorsque les divers li
quides qui composent le reste de l’organe viennent à se durcir
ou à se troubler par des maladies, de sorte que la lumière ne