ï5o DE LA LUMIÈRE.
puisse plus parvenir à la rétine, on perd la faculté de voir , et
on ¡a recouvre dès qu’on enlève les parties de l’organe qui sont
devenues opaques. Chacune de ces parties peut être ainsi enlevée
séparément sans que la sensation de la vue soit totalement dé
truite ; mais si la rétine est altérée , la vision est détruite aussitôt.
On sait de plus que c’est à la rétine qu’aboutissent deux gros
nerfs émanés du cerveau , qui s’épanouissent sur sa surface
postérieure, et s’y ramifient d’une infinité de manières ; ou, pour
mieux dire, la rétine elle-même n’est que l’extension et la dila
tation de ces nerfs. Or, on sait que, dans tous les autres organes,
c’est par les nerfs que se produit la sensation. Cette analogie
confirme donc encore que c’est sur la rétine même que la sensa
tion de la vision doit s’opérer, soit par les pulsations propagées
du fluide élastique, si la lumière se transmet par ondulations ,
soit par l’impression directe des globules lumineux , si, comme
nous le croyons , la lumière est une matière. J’entrerai dans
plus de détails sur la construction intérieure de l’œil, quand
nous aurons étudié lesinstrumens d’optique ; car l’œil lui-même
est un instrument d’optique, mais si parfait et si admirable, que
la théorie la plus savante peut à peine en apprécier toute la mer
veille , et que l’art le plus parfait ne saurait l’imiter. Jusque-là
ces notions préliminaires nous suffiront, et nous nous borne
rons à considérer le fond de l’œil comme le centre de l’organe
par lequel se fait la vision.
Cela posé , lorsque la lumière se propage d’un corps lumi
neux vers nous, elle nous parvient toujours à travers différens
milieux, tels que l’air, l’eau ou d’autres corps diaphanes qui lui
permettent le passage. Les rayons, en entrant dans ces corps, y
poursuivent quelquefois leur route en ligne droite ; mais le plus
ordinairement ils se dévient de leur chemin , et ce phénomène se
nomme réfraction. De plus, la lumière ainsi transmise ne nous
parvient pas toujours directement. Il arrive souvent qu’elle
rencontre des surfaces polies qui la renvoient, la réfléchissent,
et qui nous font voir les objets par cette voie indirecte, lorsque
nous nous trouvons sur le chemin que suivent les rayons ainsi
renvoyés. La réfraction et la réflexion de la lumière vont donc