DE LA RÉFRACTION.
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reprendre une direction constante et rectiligne, quand elles
cessent de le solliciter ; or l’espace dans lequel cette inflexion
s’opère est si petit, qu’il n’est pas appréciable à nos sens , et
que le rayon semble se briser brusquement au point d’inci
dence : l’action des forces réfringentes n’est donc pas sensible
plus loin.
Tous ces résultats concourent à nous montrer que la réfrac
tion des rayons lumineux est produite par l’affinité des molé~
cules des corps pour les molécules de la lumière ; affinité ana-
logue à l’action capillaire, et qui, comme elle, ne devient sen
sible qu’à des distances très-petites. Cette conclusion, à laquelle
nous conduisent les phénomènes, semble, au premier coup-
d’œil, contradietoii’e avec celle que nous avons déduite des ex
périences sur la réflexion. Car alors les molécules lumineuses
semblaient être repoussées par le corps réflecteur , au lieu d’en
être attirées, comme nous le voulons ici. Mais il faut remar
quer que les molécules qui se réfléchissent ne sont peut-être
pas dans le même état physique, ou dans les mêmes circon
stances de mouvement que celles qui se réfractent; or, il suffit
que cette différence soit possible pour qu’il n’y ait. point de
contradiction nécessaire dans les deux conséquences opposées
que nous lirons des phénomènes relativement à ces deux états
des particules ; car quand un corps A agit sur un corps B d’une
manière quelconque , cette action ne dépend pas seulement de
l’état de À et de sa nature , mais encore de l’état et de la nature
de B. Nous verrons plus tard cette différence d’état des mo
lécules lumineuses confirmée par une foule de preuves, et
nous connaîtrons en quoi elle consiste.
Fixons maintenant, d’après les phénomènes, les conditions
auxquelles les forces attractives sont assujetties; considérons une
molécule lumineuse M, fîg. 63, placée hors du milieu réfringent
à une distance quelconque, et modifiée de manière qu’elle
échappe à l’action des forces répulsives. Elle sera attirée par le
milieu, perpendiculairement à la surface AB, comme nous
l’avons démontré plus haut; mais, de plus, elle le sera avec
la même intensité à distances égales sur toute l’étendue de celte
Tome III. ¡7