DE LA RÉFRACTION - . 297
En jetant les yeux sur ce tableau, on voit que des substances
de densité très-diverses peuvent avoir des forces réfringentes
égales , et l’on voit même qu’une substance moins dense qu’une
autre peut cependant posséder un pouvoir réfringent plus fort.
Ainsi, comme nous l’avions déjà annoncé plus haut, l’action
des corps sur la lumière ne dépend pas seulement de leur densité,
mais encore de la nature chimique de leurs particules. On re
marque de plus que les substances dont la force réfringente
est la plus énergique , sont en général des résines et des huiles ;
et comme celle de l’eau distillée ne leur est guère inférieure , il
est naturel d’en conclure qu’il doit y avoir dans l’eau quelque
principe inflammable analogue à celui dont les résines et les
huiles sont composées; et la même conclusion doit s’étendre aussi
au diamant, dont la force réfringente est beaucoup plus consi
dérable encore. Ces aperçus hardis n’avaient point échappé à la
sagacité de Newton, et il n’hésita pas à les indiquer; car ce
grand homme , qui mettait la plus grande sévérité dans ses expé
riences , et la plus grande réserve dans ses conjectures , n’hé
sitait jamais à suivre les conséquences d’une vérité, aussi loin
qu’elle pouvait le conduire.
Quel est donc ce principe commun aux huiles et aux résines ,
qui leur donne une si grande action sur la lumière ? Pour le dé
couvrir , il n’y a pas de meilleur moyen que de déterminer les
pouvoirs refringens des substances gazeuses ; car presque tous
les corps dont il s’agit étant composés de pareilles substances
combinées ensemble , on aura ainsi l’avantage de les étudier
dans leurs élémens les plus généraux ; c’est ce que nous avons
fait, M. Arago et moi, dans notre mémoire cité plus haut.
J’ai déjà dit comment nos observations étaient faites , et quels
en étaient les résultats immédiats ; il me faut maintenant expli
quer comment on en peut déduire les pouvoirs réfringens des
substances gazeuses observées.
Rappelons—nous que , dans ces expériences, le rayon lumi
neux passait, de l’air extérieur au prisme, dans le gaz intérieur ,
à travers des glaces dont les surfaces étaient parallèles, ou
pouvaient être censées telles, puisque l’observation même four-