3l8 THÉORIE PHYSIQUE
Alors, dans chacune de ces couches, la trajectoire des molé
cules lumineuses peut être considérée comme une parabole dont
on détermine la direction d’après l’intensité actuelle de la force
réfringente; et en continuant ce calcul de couche en couche,
on connaît successivement la marche que chaque molécule lu
mineuse peut décrire, suivant la direction dans laquelle elle est
lancée.
Concevons un pareil milieu AB CD, iig. 84, composé de
couches horizontales, dont le pouvoir réfringent soit d’abord
constant jusqu’à une certaine hauteur, puis de là aille en
décroissant peu à peu par des nuances insensibles, jusqu’à ce
qu’enfin il redevienne constant de nouveau, mais moindre
que précédemment. On aura l’exemple d’un pareil milieu, si
l’on met d’abord au fond d’un vase de l’acide sulfurique con
centré , sur lequel on verse ensuite peu à peu de l’eau pure, en
la faisant couler lentement le long d’une petite lame de plomb
inclinée , afin de ralentir la rapidité de sa chute. Cette eau , se
répandant ainsi sur la surface de l’acide sulfurique, et ayant
pour lui beaucoup d’affinité, tend à se combiner avec lui ; et
la combinaison s’opère en effet dans les couches les plus
basses de l’eau , qui reposent immédiatement sur l’acide. Mais,
à cause de leur figure plane, l’attraction qu’elles exercent sur
elles-mêmes, ainsi que les différences de leur pesanteur spé
cifique , les préservent de se diviser, et les couches qui sont
en contact étant toujours les mêmes, la combinaison ne peut
se propager de l’une à l’autre qu’avec beaucoup de lenteur.
Aussi, malgré la grande affinité de l’eau et de l’acide sul
furique, si l’on n’opère pas dans un vase très-large, on trouve
souvent qu’après une journée toute entière, les couches supé
rieures de l’eau ne sont pas encore mélangées d’acide. Yoilà
donc un milieu composé de couches parallèles, hétérogènes, de
pouvoir réfringens divers, et décroissant avec la hauteur. Car
le pouvoir réfringent de l’acide sulfurique concentré excède
celui de l’eau pure , et il porte cette propriété dans les couches
où il entre en combinaison. Supposons maintenant que l’expé
rience se fasse dans un vase rectangulaire de verre mince, afin