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THEORIE PHYSIQUE,
sera renversée. Cette manière ingénieuse de faire l’expérience a
été imaginée par M. Wollaston.
On apercevra un phénomène pareil, si pendant l’été on place
son œil à l’extrémité d’une barre de fer ou de bois horizontale
et noircie, qui soit exposée au soleil, et dans le prolongement
de laquelle se trouvent de petits objets distincts qui en soient
éloignés de cent ou de deux cents pas. Car les rayons du soleil
échauffant considérablement cette surface noircie, elle commu
nique sa température aux couches d’air qui la touchent immé
diatement, elle les dilate, et leur donne une force élastique
suffisante pour soutenir le poids des couches supérieures avec
une densité moindre. Or, nous avons vu que la force réfrin
gente de l’air dépend uniquement de sa densité ; par conséquent
les couches qui reposent immédiatement sur la barre réfracte
ront la lumière avec moins d’énergie que celles qui se trouvent
au-dessus d’elles, et celles-ci, à leur tour, réfracteront moins qite
celles qui les suivent, jusqu’à ce que , par une dégradation pro
gressive , mais rapide, on s’élève à des couches assez éloignées
de la barre pour ne ressentir plus l’influence de sa tempéra
ture , et alors leur force réfringente sera sensiblement con
stante. D’après cela, on conçoit que si, dans un pareil milieu,
on regarde horizontalement des objets éloignés situés dans la
direction de la barre et à une petite hauteur au-dessus d’elle,
on en pourra voir deux images, l’une supérieure et droite à
travers la couche de densité constante, l’autre à travers les
couches de densité variable, qui sera inférieure et renversée.
C’est encore à M. Wollaston que l’on doit cette observation
curieuse , ainsi qu’un grand nombre d’autres relatives au même
sujet.
Le même effet se produit quelquefois plus en grand dans les
couches d’air contiguës à un sol aride et sablonneux que l’ardeur
du soleil échauffe fortement. Alors la densité de l’air va en
croissant depuis la surface du sol jusqu’à une certaine distance,
ordinairement fort petite, après quoi elle devient sensiblement
constante, et enfin elle décroît avec une très-grande lenteur,
conformément à la constitution habituelle de l’atmosphère. Si