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DE LA RÉFRACTION.
Гоп conçoit un observateur placé dans la couche de densité
moyenne, et regardant un objet éloigné, situé aussi dans cette
couche , il le verra de deux manières ; directement à travers la
couche d’air de densité uniforme qui les sépare, et indirecte
ment par des rayons réfléchis dans la couche inférieure. Ces
rayons, d’abord dirigés de l’objet vers la surface terrestre sous
une certaine inclinaison, enti’ent dans les couches de moindre
densité, s’y réfractent en prenant une direction plus approchante
de l’horizontale, puis se relèvent, et, rentrant dans les couches
supérieures dont la densité les attire, reviennent passer par
l’œil de l’observateur. Il y aura alors deux images de l’objet,
lune droite par vision directe, l’autre renversée parla réflexion.
Si l’objet se détache sur le fond du ciel, l’image renversée du
ciel entourera aussi son image réfléchie, absolument comme lors
que les objets se peignent par réflexion sur la surface des eaux.
Telle est la cause d’un phénomène très-curieux qui est
connu des marins sous le nom de mirage, et que l’armée
française a eu plusieurs fois l’occasion d’observer dans l’expé
dition d’Egypte. Le terrain de la Basse-Egypte est une vaste
plaine parfaitement horizontale ; son uniformité n’e.st inter
rompue que par quelques éminences sur lesquelles sont situés
les villages qui, par ce moyen, se trouvent à l’abri de l’inon
dation du Nil. Le soir et le matin , l’aspect du pays est tel que le
comportent la disposition réelle des objets et leur éloignement;
mais lorsque la surface du sol s’est échauffée par la présence du
soleil, le terrain semble terminé à une certaine distance par une
inondation générale; les villages qui se trouvent au-delà pa
raissent comme des îles situées au milieu d’un grand lac. Sous
chaque village , on voit son image renversée, comme elle paraî
trait effectivement dans l’eau. A mesure que l’on approche, les
limites de cette inondation apparente s'éloignait, le lac imagi
naire qui semblait entourer le village.-se ret À ; afin il disparaît
entièrement, et l’illusion se reproduit pour autre village plus
éloigné. Ainsi, comme le remarque M. ÏLdnge, de qui j’em
prunte cette description, tout concourt à compléter une illusion
qui est quelquefois cruelle, surtout dans le désert, parce qu’elle
Томе III.
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