596 DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE.
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dire , l’image réfractée Y R est bien loin d’être circulaire ; elle
forme, sur Je tableau blanc où elle se projette, un spectre
coloré oblong, terminé latéralement par deux droites verti
cales , et à ses deux bouts par des demi-cercles. L’extrémité
supérieure , où la réfraction est moindre , est teinte d’un
rouge vif ; l’extrémité inférieure, où la réfraction est. la plus
forte , est teinte d’un beau violet ; entre ces deux extrêmes , on
découvre une infinité de nuances. Cet allongement de l’image
n’est pas du à une imperfection du prisme , par exemple, à des
impuretés de sa substance, ou à des inégalités dans son poli ;
car tous les prismes diaphanes , de quelque matière qu’ils
soient, produisent des effets analogues ; il n’y a de différence
que dans la longueur absolue du spectre, qui est plus ou
moins considérable, suivant la substance réfringente et la gran
deur de l’angle réfringent. Même, pour éviter à cet égard
jusqu’au soupçon du doute, on peut employer des prismes à
liquides tels que nous les avons décrits page aao. Le faisceau
lumineux, en se réfractant à travers ces liquides, que l’on ne peut
pas soupçonner d’être hétérogènes, se dilate encore et s’allonge,
comme dans les expériences faites avec les prismes de verre. L’al
longement de l’image réfractée est donc un phénomène constant
qui tient à la nature de la réfraction , et par conséquent il faut
en conclure nécessairement que tous les rayons qui composent
la lumière du soleil ne sont pas également réfrangibles ; car
s’ils l’étaient, l’image ne serait pas allongée , mais circulaire ,
dans la position où notre prisme est placé.
Mais allons plus loin , et pour qu’il ne nous reste aucun doute
à cet égard, calculons la grandeur de l’image réfractée, et
comparons-la à ce qu’elle aurait dù être ; nous verrons si la
différence sera de nature à être attribuée aux erreurs des ob
servations. Servons-nous, pour cela, des résultats rapportés par
Kewton. Dans ses expériences, le trou fait au volet de sa fe
nêtre était circulaire et avait un quart de pouce anglais de lar
geur; le tableau sur lequel il recevait l’image était éloigné de
la fenêtre de 18 pieds |. Avec ces données , nous pouvons déjà
calculer quelle devait être sur le tableau la largeur de l’image
directe; car, d’après ce que nous avons vu à la page 3gt ,