DÉCOMPOSITION DE LA LUMIÈRE. 40S
il vit ses deux moitiés se séparer par l’inégalité de la réfraction,
La moitié qui était éclairée par une lumière violette était plus
réfractée que celle qui était éclairée par une lumière rouge. Ainsi
les rayons qui produisent ces deux sortes de lumière avaient
encore conservé leur réfrangibilité propre , après avoir subi sur
le tableau la réflexion irrégulière qui les avait disséminés dans
tous les sens.
Cette inégale réfrangibilité des rayons lumineux doit néces
sairement produire son effet quand la lumière est réfractée par
des lentilles. Car que sont des lentilles, sinon un assemblage
circulaire d’une infinité de prismes inégalement ouverts ? Il en
doit donc résulter pour chaque rayon des distances focales dif
férentes, les rayons les plus refrangibles formant leur foyer
plus près de la lentille , et les autres plus loin. Ce résultat n’est
que trop bien confirmé par l’expérience; car la dispersion des
foyers qui en résulte a été pendant long-temps un obstacle au
perfectionnement des lunettes. Newton, qui en fit la découverte,
rendit le phénomène sensible par le procédé suivant :
Pendant un beau jour d’été, lorsque la lumière du soleil était
dans toute sa force , il plaça un prisme dé verre devant le trou
fait au volet de sa chambre obscure ; mais il eut soin de disposer
ce prisme de manière que son axe fut parallèle à l’axe de la
terre. Par l’effet de cette disposition, le soleil, qui parcourt
chaque jour un parallèle à l’équateur, devait, pour ainsi dire,
tourner autour du prisme en vertu du mouvement diurne,
et son image réfractée devait suivre aussi ce mouvement»
Newton fit tomber cette image à quelque distance, sur un livre
ouvert, placé contre la muraille. A six pieds deux pouces de
distance de ce livre , il plaça une lentille de verre dont la distance
focale était de trois pieds un pouce. Parce moyen,la lumière colo
rée, réfléchie par les pages du livre, allait aussi se réunir derrière
la lentille, à la même distance de six pieds deux pouces, et y
peignait les images des caractères sur une feuille de carton
blanc (1). Ayant ainsi fixé le livre et la lentille dans les positions
(1) Lorsqu’on connaît la distance focale F de la lentille pour des rayons