DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE, 41 5
Newton employa encore un autre moyen pour avoir une lu
mière plus simple encore. Ayant fait au volet de sa chambre
obscure un trou de deux pouces de diamètre , il y plaça une
lentille de verre de sept pieds de foyer ; et au lieu de recevoir
sur cette lentille les rayons du soleil, il y reçut le soir ceux de
la planète Vénus , dont le diamètre est incomparablement
moindre. Ces rayons concentrés par la lentille, et reçus à sept
pieds de distance sur un papier blanc, y formèrent une image
de l’astre , semblable à un point brillant et incolore Mais en
interposant un prisme à une distance d’un pied ou deux du pa
pier pour réfracter cette lumière blanche, il vit le point lumi
neux s allonger comme une petite ligne, peu brillante, mais
pourtant bien distincte , et dont la largeur était tout-à-fait in
sensible. Newton ajoute que l’on pourrait probablement faire
la même observation sur la lumière des étoiles de première gran
deur ; par exemple, sur Syrius. Mais le moyen le plus simple
d’y parvenir pour ces étoiles, et pour Yénus même , c’est de les
regarder à travers une bonne lunette astronomique , devant
l’objectif de laquelle on place un prisme dont l’angle réfringent
est très-petit ; alors l’image de l’astre se dilate en une petite
ligne, sans largeur sensible, et qui peut très-aisément s’observer
la nuit sur le fond obscur du ciel. Il faut d’ailleurs que le prisme
soit d’un très-petit angle, et le grossissement de la lunette
peu considérable ; autrement la dilatation de l’image devenant
trop grande , la lumière qui la compose s’affaiblit au point
qu’on n’y peut plus distinguer de couleur, et qu’elle devient
partout d’une pâleur sensiblement uniforme.
Quand on observe l’image du soleil, au lieu de faire l’ouver
ture F circulaire, il est utile de lui donner la forme d’une
fente allongée très-étroite, dont la longueur soit parallèle aux
arêtes du prisme. Car si ce trou a un pouce ou deux de lon
gueur , et seulement un dixième ou un vingtième de pouce de
largeur, ou encore moins, la lumière de l’image réfractée pourra
être aussi aisément épurée que si le trou était circulaire, et
l’image devenant plus large, plus lumineuse, sera en même
temps plus propî'e aux expériences,
On peut encore, et avec plus d’avantage , donner à l’ouver-