DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE.
437
F. Or, que la sensation produite en nous par la lumière sub
siste ainsi un certain temps , c’est ce que prouve l’expérience
connue d’un charbon ardent que l’on fait tourner rapidement
en cercle; car bien que le charbon ne se trouve à chaque instant
qu’en un seul endroit, nous ne distinguons pas la succession
de ses positions diverses , et nous ne voyons qu’un cercle de
feu continu , rentrant sur lui-même , parce que le charbon
revient en chaque point de son cercle avant que la sensation
produit^ par la lumière qu’il avait envoyée de ce point à la ré
volution précédente soit tout-à-fait terminée. On a cherché à
conclure de là le temps que dure la sensation , en cherchant
à quel degré de vitesse l’œil commence à distinguer les positions
successives du charbon , et on a ainsi trouvé que cette durée
est fort sensible. Nous verrons plus tard que la même chose
s’observe dans les sensations qu’excite en nous la lumière
réfléchie par les corps qui ne sont pas lumineux par eux-
mêmes , et qu’on peut produire la sensation de la blancheur en
faisant succéder rapidement devant l’œil des papiers diversement
colorés , dont les surfaces ont entre elles certaines proportions
de grandeur.
Nous avons prouvé que les propriétés colorifiques des rayons
lumineux homogènes ne sont pas altérées par les forces réflé
chissantes ; nous devons donc présumer que ces forces ne dé
truiront pas non plus la propriété qu’ils ont de former de
la blancheur par leur mélange , quand ils ont été séparés.
C’est en effet ce que prouve l’expérience. Soit SI un rayon
blanc introduit dans la chambre obscure, fig. 145 i brisons-le
par un prisme ABC, qui, en le dispersant, produise le spectre
B. V sur un tableau blanc placé au fond de la chambre, à
une distance de 5 ou 6 mètres. Supposons maintenant qu’un
observateur placé en O , tout près du premier prisme , tienne
devant ses yeux un prisme semblable, A' B' C', formé de la
même substance, et ayant le même angle réfringent. Si l’obser
vateur place ce second prisme parallèlement au premier, les
rayons des diverses couleurs , émanés des différeris points du
spectre R Y , rencontreront le prisme A' B' C' précisément sous