DÉCOMPOSITION DE LA LUMIERE. 44I
comme nous l’avons supposé, ce qui fait qu’il ne se forme en
tout que six images, comme en effet l’expérience le montre.
Cette multiplicité devient souvent un obstacle à la pureté des
expériences dans la chambre obscure, à cause de la lumière
qu’elle répand de toutes parts ; et l’unique moyen d’en pré
venir l’effet , c’est d’étendre sur les surfaces du prisme une
couche épaisse d’encre de Chine , en laissant seulement libres les
ouvertures nécessaires pour le passage des faisceaux lumineux.
C’est ici le lieu de rapporter une expérience qui semble , au
premier coup d’oeil, montrer que les propriétés eolorifiques des
rayons peuvent être altérées par la réflexion, quoiqu’en effet
elle prouve réellement le contraire. Pour cela il faut reprendre
l’appareil dont nous avons fait usage tout-à-l’heure, et dans
lequel les rayons réfractés étaient réunis par une lentille ,
fig. 143. Si l’on place au foyer F un papier blanc perpen
diculaire à l’axe du faisceau lumineux , la lumière qui tombe
sur le papier paraîtra blanche ; mais si on y substitue un plan
métallique poli, qui réfléchisse la lumière dans quelque point
de la chambre , elle paraîtra colorée. Il semble donc que les
propriétés qu’avaient les rayons, en tombant sur le miroir ,
se trouvent ici altérées par la réflexion ; mais cette opinion est
détruite par un examen attentif. Les rayons lumineux tombent,
à la vérité , à très-peu près sur le même point du plan mé
tallique , mais non pas sous les mêmes inclinaisons. Comme ils
se réfléchissent en formant l’angle de réflexion égal à l’angle
d’incidence, il faut nécessairement que la réflexion les sépare ;
en sorte qu’ils ne font que suivre au-delà du miroir la diver
gence qu’ils avaient en parvenant à sa surface ; et c’est ainsi
qu’ils auraient divergé au-delà du foyer F, même si on les eût
laissé continuer directement leur chemin. Lorsque les rayons
tombaient ensemble et perpendiculairement sur le papier, leur
réflexion ne se faisait pas de cette manière , parce que le papier
n’est pas un corps poli ; chacun d’eux se trouvait alors dis
persé dans tous les sens indifféremment, à partir du point d’in
cidence ; et chaque point du papier dispersant ainsi à la fois
tous les rayons qui tombaient sur lui, il s’ensuit que ces rayons