EXPLICATION DES COULEURS PROPRES
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qu’elles avaient pris en y pénétrant. Or, sans qu’il soit besoin
d’exagérer la rareté de la matière dans les corps, il y a une
cause physique qui doit faciliter considérablement ce mode de
transmission de la lumière ; c’est que toutes les parties très-
petites de la matière ont, comme nous le prouverons par la
suite, la propriété d’infléchir latéralement et à distance les
molécules lumineuses qui les approchent. De sorte que celles-ci,
en serpentant de cette manière, peuvent passer librement parmi
des séries de particules matérielles, qui les eussent infaillible
ment arrêtées, si elles s’étaient propagées directement.
Néanmoins on doit aussi concevoir qu’un certain nombre de
rayons rencontrent les groupes mêmes qui forment la substance
des corps, et sont contraints de les traverser. Dans ce cas,
à leur incidence sur la première surface de chaque groupe,
ils y éprouveront d’abord une réflexion partielle ; mais l’effet
en pourra être très-faible et presque insensible, si le groupe
est fort mince, comme nous l’avons supposé. Dès-lors les mo
lécules, pénétrant le groupe, et ressentant son action sup
posée très - énergique, prendront des accès beaucoup plus
courts et d’une succession bien plus rapide qu’elles n’en avaient
dans le milieu environnant. C’est pourquoi, lorsqu’elles arri
veront à la seconde surface du groupe, il y en aura parmi
elles qui se trouveront disposées à être réfléchies, et d’autres
à être transmises. Celles qui subiront réellement la réflexion,
formeront la couleur propre du groupe, laquelle pourra , dans
bien des cas, n’avoir qu’une très-faible intensité, à cause de l’at
traction des groupes environnans , qui pourra être fort sensible.
Dti reste,celte couleur sera la même sous toutes les incidences, si,
comme nous l’avons supposé, le pouvoir réfringent du groupe
est très-énergique (i), et, si de plus, il ne peut être traversé
que par son centre de gravité , les transmissions latérales étant
empêchées et détournées par les forces infléchissantes. La por
tion de lumière qui aura ainsi traversé un premier groupe et
(i) Ce qui n’empêche pas que celui du corps entier ne puisse être t rec
ia j b le.