EXPLICATION DES COULEURS PROPRES
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des inclinaisons plus obliques , on en conclurait que sa couleur
est du premier ordre ; car cet ordre est le seul où le jaune
soit pâle et tendant au blanc.
Il y a ainsi dans les trois premiers ordres des teintes que l’on
ne peut méconnaître lorsqu’on les a vues une fois. Pour s’eu
former une idée exacte, il faut les observer sur les lames
minces d’eau , en employant les procédés expliqués page 34,
pour leur donner beaucoup de durée. On peut aussi les étudier
sur les lames minces du mica , en s’aidant des variations quelles
subissent sous des inclinaisons diverses pour les placer dans la
table de Newton. Par—là on acquerra en peu de temps la con
naissance parfaite d’un certain nombre de couleurs de chaque
ordre, qui serviront ensuite d’indices pour classer toutes les
autres à mesure qu’elles se présenteront ; ce qui est d’autant
plus facile , que si l’on se rappelle bien les caractères de chaque
ordre, on n’a jamais à choisir qu’entre deux ou trois solutions.
Par exemple , si la teinte proposée est un vert, il n’y a de
choix qu’entre le second , le troisième et le quatrième ordre,
puisque ce sont les seuls qui contiennent des verts ; mais le
vert du second ordre est parfaitement reconnaissable , parce
que , tenant lieu du blanc qui se trouve dans le premier ordre,
il est nécessairement pâle , lavé et imparfait ; au contraire,
ceux du troisième et du quatrième ordre sont vifs et décidés,
surtout ceux du troisième. Il n’y aura donc d’indétermination
que dans le cas où la couleur proposée appartiendrait à un de
ceux ci : alors il faudra se décider par l’observation des nuances
voisines dans lesquelles elle dégénère , soit par des changemens
chimiques , soit en variant l’inclinaison ; car si le vert proposé
est du troisième ordre , il devra , par l’amincissement des par
ticules qui le réfléchissent, se changer en un beau bleu, ou, par
leur dilatation, passer au jaune verdâtre , puis au jaune , à
l’orangé , et de là au rouge ; tandis que s’il est du quatrième
ordre, il ne pourra se changer qu’en vert bleuâtre ou en vert
jaunâtre , sans que l’orangé ni le jaune puissent jamais s’y
montrer isolément. C’est pour cela que Newton a placé le vert
des plantes , le beau vert-pré dans le troisième ordre , d’après