!46 explication des couleurs propres
et ne laisser pourtant pas de réfléchir le blanc du premier
ordre (i).
» Enfin, pour la production du noir , les corpuscules doivent
être plus petits qu’aucun de ceux qui produisent d’autres cou
leurs ; car toutes les particules plus grosses réfléchissent trop
de lumière pour former le noir. Mais si vous supposez les cor
puscules un peu plus petits qu’il ne faut pour réfléchir le
blanc , et le bleu le plus languissant du premier ordre , il arri
vera , selon les remarques précédemment faites , qu’ils réfléchi
ront si peu de lumière qu’ils paroîtront extrêmement noirs ;
mais que cependant ils pourront peut-être la rompre diver
sement çà et là au-dedans d’eux-mêmes, jusqu’à ce qu’elle soit
éteinte et perdue ; moyennant quoi, ces corpuscules paraîtront
noirs sans aucune transparence dans toutes les positions de
l’œil. On peut comprendre par-là pourquoi le feu et la putré
faction , le plus subtil de tous les dissolvans , donnent une
couleur noire aux particules des corps en les divisant ; pour
quoi de petites quantités de corps noirs communiquent leur cou
leur aisément, et jusqu’à un fort grand degré , à d’autres corps
auxquels on les applique, les petites parcelles de ces corps noirs
se répandant sans peine, à cause de leur grand nombre, sur
les particules grossières des autres corps ; pourquoi les corps
noirs sont plutôt échauffés et consumés par le feu du soleil
qu’aucun autre corps; ce qui peut venir en partie du grand
nombre de réfractions faites dans un petit espace , et en partie
de l’ébranlement qui est facilement excité dans de si petites
parties ; et pourquoi les corps noirs tirent ordinairement un
peu sur le bleuâtre, de quoi l’on peut s’assurer en faisant tom
ber sur du papier blanc une lumière réfléchie par des corps
noirs : car, pour l’ordinaire, le papier paraîtra d’un blanc
bleuâtre ; et la raison, c’est que le noir confine au bleu-obscur
(x) Ce calcul supposerait que l’action de l’eau et celle du mercure sur la
lumière ne diffèrent qu’en vertu de l’inégale densité de ces deux sub
stances ; or, on a vu qu’il n’en est pas ainsi, et que la nature chimique y
influe pareillement. Au reste, cette supposition a peu d’inconvénient,
l’usage que Newton en fait n’étant qu’une simple estimation.