6 THÉORIE DES COULEURS
recherches sur ces phénomènes, doit être, l°. de détermi
ner l’ordre et la succession des couleurs des anneaux dans une
lame de nature quelconque, mais dont les épaisseurs varient
régulièrement suivant une loi connue ; 2°. de trouver , pour
cette substance , le rapport des épaisseurs avec les couleurs ;
3°. enfin , de comparer ces rapports dans diverses substances,
et de voir ce qu’ils ont de différent ou de commun.
L’ordre suivant lequel les couleurs sont rangées dans les dif-
férens anneaux , peut déjà être assez bien étudié en observant
ceux qui se forment entre deux prismes, surtout si l’on choisit
des cas où ces anneaux soient larges , et si on les dilate; encore
en les regardant avec une loupe : néanmoins, ce procédé n’est
pas susceptible d'une très-grande précision. Car l’adhérence
des prismes étant ordinairement établie par une pression vio
lente et irrégulière , les anneaux qui en résultent sont aussi
presque toujours irréguliers ; il se forme quelquefois plusieurs
centres de pression , et par conséquent plusieurs taches noires ,
à partir desquelles les couleurs se dégradent continuellement,
et composent des séries d’anneaux qui se mêlent les unes dans
les autres. Ainsi , pour aller au-delà de ce que ces premières
observations nous font connaître , il faut employer quelque
autre appareil qui fasse voir les mêmes phénomènes avec plus
de régularité. On y parvient en posant l’un sur l’autre deux
verres sphériques d’inégale courbure. Si les surfaces de ces
verres sont bien exécutées , elles ne peuvent avoir qu’un setil
point de contact, à partir duquel l’espace compris entre elles
va toujours en augmentant d’épaisseur, suivant des lois géomé
triques résultantes de la différence de leurs rayons. En outre,
le peu de courbure qu’on donne ordinairement à ces verres fait
que la lumière qui les traverse arrive sur la lame d’air sans être
sensiblement dispersée. Cette disposition est donc éminemment
favorable pour prendre les mesures exactes des dimensions des
anneaux et pour comparer leurs teintes avec les épaisseurs cor
respondantes. C’est ainsi qu’a opéré Newton. Parmi toutes les
combinaisons possibles de courbures, il a toujours pris l’un de
ses verres plan, et l’autre d’une égale convexité sur ses deux
surfaces, parce que cette disposition est celle qui offre le plus de