DE LA POLARISATION
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rapporter étant toutes différentes , et faites par d’autres obser
vateurs , sont propres à lui donner encore plus de poids. Néan
moins il ne faut la regarder que comme une approximation
commode, et non comme une loi tout-à-fait rigoureuse ; car
si elle l’était, elle devrait donner sur toutes les substances
des angles de polarisation différens pour les diverses couleurs,
et croissans avec la réfrangibilité ; de sorte qu’à parler rigou
reusement, la polarisation ne devrait jamais être complète. On
observe en effet quelque cliose de pareil sur diverses substances,
comme M. Arago l’a remarqué le premier. Alors, si l’on analyse
la lumière réfléchie en se servant d’un prisme de spath d’Is
lande achromatisé , dont la section principale soit parallèle au
plan de réflexion , il arrive une incidence où presque tout le
faisceau réfléchi est polarisé dans ce plan, sauf une très-faible
portion,dont la teinte est très-sensiblement bleue. Mais,en se
rapprochant davantage de la surface réfléchissante, cette teinte
passe au rouge-jaunâtre. L’alternative est surtout frappante
sur le foie d’antimoine et le fer spéculaire de l’ile d’Elbe. Mais
on ne voit rien de pareil sur l’ambre,ni même sur le diamant,
qui sont pourtant des substances très-dispersives. De là, et de
quelques autres épreuves, je conclus que les teintes ainsi ob
servées ne dépendent point des forces dispersives, mais d’un
mode particulier de polarisation qui s’opère en général sur la sur
face des métaux , et qui peut avoir lieu aussi sur d’autres corps.
Nous venons de voir que , pour les corps environnés de tous
côtés d’un même milieu, l’angle de polarisation à la seconde
surface est donné par la formule
tang 6' = — ^
n
dans laquelle ri est le rapport de réfraction de la substance , et
n celui du milieu qui l’environne. L’angle É r étant ainsi donné
par sa tangente, aura toujours une valeur réelle, soit que n
surpasse ri ou en soit surpassé. Or, dans ce dernier cas, il y a
une incidence intérieure d", au-delà de laquelle le rayon ne peut
plus sortir de la substance , étant ramené en dedans par la